Chongamix #5 – 30 Reggae Hits Inna Deejay Stylee

Pour tous les lecteurs de ce blog, un cadeau de Noël un peu avant l’heure avec la livraison de la cinquième partie des Chongamix. A l’honneur cette fois, le « deejay style » avec une sélection rough and tough de 30 titres soigneusement triés parmi mes archives : les têtes d’affiche (Daddy U Roy, Scotty, Trinity, Dillinger, Yellowman,…) y côtoyent les jeunes loups(Jah Batta & Skatee, Captain Sinbad, Rapper Robert & Jim Brown, Joseph Cotton,..) dans un clash sans temps mort, sur les riddims les plus célèbres et des versions souvent inédites.

Le mix est téléchargeable en cliquant ICI.

Bonne écoute à tous !

TRACKLIST :

01 – Intro – MICKEY DREAD – Dread At The Controls
02 – LONE RANGER – Barnabas In Collins Wood
03 – CAPTAIN SINBAD – Sinbad & The Eye Of The Tiger
04 – LEEROY SIBBLES – Total Destruction
05 – U ROY – Ital Vital
06 – MIGHTY DIAMONDS – Why Me Black Brother Why ?
07 – THE CRYSTALLITES – Slippery
08 – SCOTTY – I Worry
09 – TRINITY – Song Of The Midnight Hour
10 – TRISTON PALMER – Fussing & Fighting
11 – JAH BATTA & SKATEE – Style & Fashion
12 – PETER RANKING & GENERAL LUCKY – Jah Standing Over Me
13 – CLINT EASTWOOD – Roots Rock Reggae
14 – PRINCE JAZZBO – Rock For Dub
15 – RAPPER ROBERT & JIM BROWN – Minister For Ganja
16 – YELLOWMAN – Lost Mi Love
17 – RANKING JOE – Wood For My Fire
18 – JUNIOR ROSS – Freedoom Fe Natty (Feat. Tappa Zukie)
19 – DILLINGER – Fernando Sancho
20 – Interlude by KINGSTURGAV SOUND SYSTEM
21 – WALLY & SNUFFY – Dreader Mafia
22 – BIG YOUTH – Opportunity Rock
23 – JOHNNY OSBOURNE – Ice Cream Love
24 – DILLINGER – Ragnampiza
25 – TRINITY – What A Windy Day
26 – Dr. ALIMANTADO – Poison Flour
27 – DENNIS ALCAPONE – Spanish Amigo
28 – JOSEPH COTTON – Wicked Running
29 – JAH BATTA – DJ Version
30 – MICHIGAN & SMILEY – Eye Of Danger

Denis Colin Trio – Something in Common (Emarcy – 2002)

Les jazzmen français ne sont décidemment jamais là où on les attend…Après Erik Truffaz qui a exploré des voies électro et rap avec sa trompette, Louis Sclavis (clarinette) et Henri Texier (contrebasse) qui parcourent l’Afrique avec leur free jazz, Denis Colin (clarinette) poursuit depuis ses débuts une exploration minutieuse et respectueuse de la musique noire américaine.

Après un album élu disque jazz de l’année en 2000 par de nombreux magazines français (Etude de terrain), Denis Colin s’est envolé vers Minneapolis en 2002 pour y chercher une nouvelle source d’inspiration et redécouvrir au passage des rythmes et des ambiances avec lesquels il a indéniablement quelque chose en commun (d’où le titre de l’album).

Un projet ambitieux, qui l’a amené à revisiter de grands ténors de la black music : Sonny Rollins, Archie Shepp, John Coltrane, Jimmy Hendrix, etc…Loin d’un album hommage mortifère, Denis Colin s’attache, grâce à de judicieux featuring (Wyclef Jean, Gnew Matthews, etc…), à retrouver l’énergie initiale qui a permis à cette musique d’avoir l’aura qu’on lui connait aujourd’hui.

Le résultat est aussi déconcertant que le projet était irréaliste. « Diallo » de Wyclef Jean me fait frémir à chaque fois que je l’écoute, autant pour sa qualité musicale que pour l’histoire qui l’a inspiré : le 4 février 1999, Amadou Diallo, un jeune Guinéen de 23 ans, vendeur ambulant à Manhattan, était abattu « accidentellement » de 41 balles par la police new-yorkaise. Cette bavure a fait l’objet d’un procès célèbre, qui marqua profondément la population noire. En février 2000, les quatre policiers furent acquittés, avec le soutien de Rudolph Giuliani et au nom de la lutte contre le crime. La lecture des paroles de cette chanson est indispensable pour saisir toute la complexité de cette triste histoire.

Les autres titres sont aussi surprenants : la reprise de « If 6 was 9 » d’Hendrix avec les rappeurs de Dirty Bandits, celle de « Woman of the Ghetto » de Marlena Shaw avec la voix puissante de Gnew Matthews, etc…

A découvrir et surtout à apprécier sur la longueur…

DENIS COLIN TRIO feat. WYCLEF JEAN – Diallo

DENIS COLIN TRIO feat. GNEW MATTHEWS – Woman of the Ghetto

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African Pearls Vol. 2 : Guinée – Cultural Revolution (Discograph – 2006)

En inaugurant sa nouvelle collection dédiée aux perles de la musique africaine contemporaine, le label Syllart Productions, fondé en 1981 par Ibrahima Sylla, frappe fort. Le but est d’offrir à chaque disque un panorama sonore des artistes d’un pays, en recherchant parmi les archives les plus jalousement gardées des productions des années 60-70.

Avec un premier volume consacré à la rumba congolaise, la barre était placée haut : African Jazz, OK Jazz, Rock A Mambo, African Fiesta, Bantous de la Capitale, Festival Maquisard…Les plus grands noms se livraient dans des versions inédites.

Avec le second volume de la collection, consacrée à la révolution culturelle initiée sous le régime de Sekou Touré, on reste sans voix…Les pépites dénichées par Syllart sont absolument exceptionnelles. Elles permettent de découvrir la richesse de la production musicale guinéenne à une période où l’objectif affiché par le pouvoir politique, et relayé par les musiciens, était de moderniser les musiques populaires et de restaurer la dignité et la fierté nationale.

Le gouvernement du Parti Démocratique de Guinée s’appuya sur un réseau immense de musiciens et d’orchestres à travers l’ensemble du pays, quitte à monter de toutes pièces un certain nombre d’orchestres officiels avec les meilleurs éléments. Chaque préfecture ou région devait avoir son propre orchestre officiel, sur le modèle créé par l’Etat. Financés par le gouvernement ces orchestres étaient considérés comme des fonctionnaires au service de la politique culturelle de Sekou Touré.

Le volume 3 de la collection est dédié au Mali, avec un disque consacré au répertoire traditionnel de diverses régions du Mali, et l’autre aux orchestres modernes des années 1970. Le quatrième volume, à paraître prochainement, propose des trésors méconnus, puisées dans les archives de la musique sénégalaise des années 1960-75.

En attendant, voici une sélection de trois titres tirés du volume deux :

MOMO WANDEL SOUMAH – Tam Tam Sax : surnommé le « Sax Soleil » pour la virtuosité, la chaleur et la puissance de son jeu, Momo Wandel était accompagné d’un orchestre rompu à la fois aux rythmes traditionnels guinéens et aux influences jazz extérieures. Un bel exemple avec ce titre, Tam Tam Sax, qui combine des tambours débridés à un sax limite free jazz : du grand art.

SUPER BOIRO BAND – So i si sa : le groupe tire son nom du camp Boiro, où l’orchestre fut créé, un camp connu de triste réputation pour avoir été la caserne priso où sévirent les tortionnaires de la Garde Républicaine de Sekou Touré. Le Super Boiro Band est notamment connu pour avoir été le premier à introduire l’orgue dans la nouvelle musique guinéenne. Il l’utilise habilement sur ce titre furieusement funky.

BEMBEYA JAZZ NATIONAL – Petit Sekou : on ne présente plus le Bembeya Jazz National, premier orchestre local à être nationalisé, représentant à lui tout seul de la révolution culturelle guinéenne. Un titre rare ici, le dernier composé pour le label Syliphone, uniquement instrumental et empreint d’une nostalgie réelle, marquée par l’époque (1976) et le déclin du régime tout puissant de Sekou Touré

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Panama : Latin, Calypso and Funk on the Isthmus 1965-75 (Soundway – 2006)

100ème message sur ce blog ! Le moment est donc parfaitement choisi pour faire un petit bilan : 15.000 visiteurs depuis la création en mars 2004, dont près de la moitié sur les 6 derniers mois ! Un grand merci à vous tous pour votre fidélité, vos commentaires et cette passion de la musique éclectique et authentique qui nous réunit…

Pour fêter cet anniversaire , je vous offre un voyage…musical. Direction Panama, qui, je vous le concède, est une destination plus reconnue pour son canal et ses chapeaux que sa scène musicale. Grâce à cet album, le label anglais Soundway (déjà auteur des fabuleuses compilations Ghana Soundz) redonne toutes ses lettres de noblesse à des labels et des groupes qui n’ont jamais dépassé les (étroites) frontières panaméennes.

L’histoire veut que Roberto Ernesto Gyemant, critique émérite de salsa et de sons latins, passa quelques jours dans la petite ville de David, à Panama. A l’occasion d’une visite dans une radio locale, il découvrit quelques vinyls rarissimes, parus sur d’obscurs labels panaméens. En remontant la filière, il tomba sur une réserve de plus de 10.000 33 tours et 45 tours totalement inconnus de groupes des années 60 et 70.

A cette époque, les artistes locaux se réunissaient dans des « combos nacionales », qui mixaient allègrement les multiples influences musicales extérieures : funk, calypso, boogaloo, salsa, soul, etc…La situation géographique de Panama a beaucoup joué dans cette évolution : canal reliant le Pacifique et l’Atlantique, lien entre Amérique du Nord et Amérique du Sud, Panama était le lieu idéal pour les collisions musicales les plus originales.

Preuve de cette diversité, deux morceaux choisis de pure beauté :

FABULOSOS FESTIVALS – El Mensaje : une version fuzzy et colorée du mythique « The Message » de Cymande, ultra samplé (Solaar, Masta Ace,…) et repris…même au Panama !

[audio:z – Los Fabulosos Festivals – El Mensaje.mp3]

LORD COBRA & PANA-AFRO SOUNDS – Rocombey : un titre étonnant, mélangeant racines africaines et salsa acoustique.

[audio:z – Lord Cobra And Pana-Afro Sounds – Rocombey.mp3]

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Rude Bwoy Digital Session

Une fois n’est pas coutume, un peu de gros son pour nettoyer ses oreilles en cette période automnale…

Voici donc une petite sélection de titres spécial « rude bwoy » :

  • BURRO BANTON – Unknow track (Massive B – 1995) : une piste non créditée du deejay 90’s à la grosse voix bien rauque, qui inspira Buju Banton quelques années plus tard. Un cross-over hip hop particulièrement efficace.
  • BORN JAMERICANS – Yardcore (Remix) (Delicious Vinyl – 1997) : un duo de Washington DC qui introduisit les premiers la fusion entre hip hop et reggae aux Etats-Unis au milieu des 90’s ; ce titre a une saveur west coast tout à fait sympathique…
  • JIM BROWN – Nowadays Crisis (Studio One – 1985) : une version explosive de l’historique Slen Teng riddim, lancé en 1985 par Wayne Smith et produit par King Jammy, un riddim qui révolutionna le reggae moderne en le propulsant vers le dancehall. Ce titre a été classé 6ème des charts reggae en août 1985, à quatre places seulement du phénomène Tenor Saw et son « Ring the Alarm ».

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