R.L Burnside est mort

L’immense mais trop méconnu bluesman du delta du Mississippi est mort jeudi 1er septembre à Memphis, Tennessee à l’âge de 78 ans.

Pendant longtemps ouvrier puis pécheur, il n’a commencé à enregistrer des albums qu’à l’âge de 40 ans. Il s’est tout de suite imposé par son style percussif et un son poisseux typique du Mississippi.

Depuis les années 90, de nombreux groupes de rock et de hip-hop s’étaient rapprochés de lui pour enregistrer des albums en commun, mixant blues électrique, samples et scratches : Jon Spencer Blues Explosion, les Beastie Boys, etc…

Grand réinventeur du blues moderne et électrique, showman réputé pour ses anecdotes croustillantes, il laissera à jamais l’empreinte d’un artiste extrêmement talentueux.

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26 Turkish Beat, Psych & Garage Delights – Ultrararities from Beyond the Sea of Marmara (Grey Past Records – 2001)

Après le Pérou, voici une autre destination improbable de notre parcours du collectionneur de rock psychédélique et exotique : la Turquie.

A une époque où l’on s’interroge sur l’opportunité d’intégrer ce pays dans l’Union européenne, et où certains populistes fustigent de manière condescendante une culture qui serait trop éloignée d’un prétendu « standard européen », cette compilation a l’immense mérite de rappeller qu’en Turquie aussi, dans les années 60-70, les jeunes générations étaient ouvertes aux dernières évolutions du rock, y compris dans ses franges les plus psychédéliques.

Car c’est bien de psychédélisme qu’il s’agit ici : 26 titres fuzzy, déjantés et repoussant les limites d’un matériel d’enregistrement visiblement sommaire…On chante en anglais la plupart du temps – fascination de l’american way of rock’n’roll oblige – mais aussi en turc et même en français (Baris Manço et les Mistigris – Il arrivera) !

Si le strict intérêt musical est souvent limité à une copie, exotique certes, du rock psyché anglais et américain, certains titres révèlent toutefois un aspect réellement novateur et créatif : à l’exemple de l’excellent « In the Deepings » des Istanbul Erkek Lisesi ou du crépusculaire « Nenni » des Beybonlar, qui allie rythme oriental et breakbeat intense, on découvre une scène underground d’une grande richesse.

L’étonnante ouverture d’esprit et la vitalité de ces différents groupes découlent directement de l’héritage savamment entretenu des réformes politiques et sociales menées par Ataturk. Ces réformes ont permis à toute une génération de s’imprégner des valeurs occidentales et de les mêler aux traditions culturelles turques, créant une saine émulation relayée par les nombreux concours musicaux, dont le plus célèbre est l’Altin Mikrofon.

Pour aller plus loin : un site très complet sur le rock turc de 1956 à 1979

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Back To Peru – The Most Complete Compilation Of Peruvian Underground (VampiSoul – 2001)

Plus rare et obscur que cette compilation, il faut chercher loin…très loin !

Tout ce qui faisait comme rock psychédélique, funk barré, et groove sous acide entre 1964 et 1974 au Pérou se retrouve sur cette compilation historique. Historique, car la plupart de ces groupes n’ont eu qu’une brève vie discographique, qui ne dépassa guère l’horizon de leur propre ville.

Qui se souvient, même au Pérou, des Los 007, des Termits ou encore des Pina Y Sus Estrellas ? L’explosion créative des 70’s inonda pourtant les contrées les plus reculées du Pérou et engendra des vocations, souvent éphémères, mais qui n’avaient pas à démériter des Stooges, Hendrix et autres MC5

Pour preuve le James Brownien « Funky Man » des Black Sugar, le riff fuzzy de « Witched Man » de Smog ou l’orgue déjanté sur le « Stone » de Texao.

Un énorme effort de recherche pour cette réédition qui a le grand mérite de rappeller que, dans l’ombre du Machu Pichu, des groupes méconnus mais talentueux faisaient groover les vestiges incas.

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Avis de tempête sur le reggae en France

Après l’annulation retentissante de la tournée de Capleton début juin, les concerts estivaux ayant pour tête d’affiche Sizzla sont systématiquement annulés, tels des dominos qui tombent les uns après les autres.

La raison ? Plusieurs plaintes d’associations de défense des intérêts gays et lesbiens qui accusent ces deux artistes, les plus en vus actuellement sur la scène jamaïcaine, de continuer à chanter des titres dont certaines paroles sont ouvertement homophobes.

Il n’est pas question ici de remettre en cause le fait que les propos homophobes sont malheureusement une constante dans l’histoire de la musique jamaïcaine. Mais la vérité n’est pourtant jamais aussi simple que l’on voudrait qu’elle paraisse.

Les associations gays et lesbiennes ont vite compris qu’après un long et infructueux combat sur le fond du problème (les paroles), il fallait maintenant passer à une vitesse supérieure et taper là où ça fait mal, à savoir le portefeuille – bien garni – des chanteurs, en menaçant de faire annuler des concerts si lucratifs.

Les producteurs et les maisons de disque ont tout aussi vite compris la menace que cette pression pourrait représenter pour eux et leurs artistes. Un accord a donc été trouvé en janvier dernier entre les principales maisons de disques et des associations gays et lesbiennes, mettant fin à une longue crise ayant conduit à l’annulation d’une cinquantaine de concerts.

Alors qu’on pensait la crise passée depuis cet accord, une association française (Inter-LGBT) a décidé de maintenir le rapport de force, malgré le compromis trouvé précédemment entre tous les partenaires, et demande maintenant le retrait pur et simple du commerce de tous les titres concernés. Résultat : des dizaines de concerts et festivals annulés en France depuis le printemps.

Le problème, c’est qu’au nom d’une position jusqu’au-boutiste dommageable, le reggae-dancehall entre en France par la mauvaise porte : celle des bad boys, des appels au meurtre, et de l’outrage. Cette mystification masque toute l’énergie positive, l’étonnante vigueur musicale, la prolongation d’un discours politique engagé, bref toute la substantifique moelle de cette musique.

S’il ne faut pas laisser dire tout et n’importe quoi sur une scène, il faut également éviter de diaboliser à outrance des artistes qui remplissent tout de même Bercy ou le Zénith, et dont le public, qui n’est pas complètement abruti, est capable de discerner la sincérité de l’exagération.

 

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Les paroles de Fela Kuti traduites en français

Parce le Web est parfois une toile d’informations dans laquelle on a vite fait de s’engluer, il est bon d’avoir quelques sites de qualité en guise de repères.

Kalakuta Republic Online en est un.

Il est, à ce jour, le seul site qui propose un tel volume d’informations en français sur Fela. Certes, le graphisme est un peu basique, mais l’intention est extrêmement louable.

L’effort est d’autant plus remarquable que 23 chansons de Fela sont entièrement traduites dans un français quasi parfait. On parle souvent du message politique du « Black President », sans en saisir toutes les finesses : les francophones n’ont maintenant plus d’excuses…

Reste toutefois en suspens une question lancinante, extraite des paroles de Fela, et qui résume à elle seule un long combat inachevé : pourquoi n’est-ce pas un homme noir qui a marché sur la Lune ?

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