Alan Lomax : Une Vie Dédiée à la Musique

« Quand le monde entier s’ennuiera de la musique automatisée de clips diffusés en masse, nos descendants nous mépriseront d’avoir liquidé le meilleur de notre culture »   Alan Lomax

Ces mots, écrits par Alan Lomax vers la fin de sa vie, résument à eux seuls une vie toute entière dédiée à la sauvegarde de pans entiers de la culture musicale mondiale.

Alan Lomax n’était pourtant pas un musicien. Il était plus que ça : c’était un ethnologue, un anthropologue moderne et un amoureux des cultures oubliées et délaissées par la marche d’un progrès qui, à force de regarder en avant, se désintéresse des racines de sa propre culture.

Dès les années 30, guidé par son père et pour le compte de la Bibliothèque du Congrès Américain, il débute un pharaonique travail de compilation d’artistes oubliés du delta du Mississipi (Son House, Muddy Water, Huddie « Leadbelly » Ledbetter…). Cette quête le conduisit ensuite à travers le monde entier, pour enregistrer l’héritage de cultures en voie de marginalisation : Bahamas, Inde, Haïti, Maroc, Ecosse, Sicile…

Malgré sa mort en 2002, son travail ne cesse depuis d’être redécouvert tant il est vaste (plus de 4.000 heures d’archives) et varié. Preuve de la reconnaissance, certes tardive, d’une nation qui lui doit beaucoup, il a reçu à titre posthume un Grammy Award pour l’ensemble de son oeuvre.

A une époque où mondialisation et village planétaire nous fournissent tous les outils nécessaires à la perpétuation de ce travail de mémoire, ne laissons pas la « musique automatisée » comme la dénommait Lomax, nous détourner des racines de notre culture. Roots & culture : c’est le titre de ce blog et il trouve, grâce à la citation de Lomax, un sens et un écho. Music for knowledge : la musique au service de la connaissance…

A découvrir dans la Chongastyle’s Radio : Early Morning (Negro Prison Blues & Song) et Rock In The Weary Land (Southern Journey Vol.12 – Georgia Sea Islands)

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Space 1999 – Original Soundtrack By Barry Gray (RCA – 1976)

Cosmos 1999, c’est une série TV de SF où la lune sort de son orbite, mais ce sont aussi des maquettes de vaisseaux en plastique, des ordinateurs IBM première génération avec plein de boutons qui clignotent, des hommes et des femmes en pyjama dans des stations spatiales et surtout une bande-son de bon gros funk comme on les aime…

Composée par Barry Gray, qui est également connu pour l’illustration sonore de la série « Thunderbirds », cette bande-son alterne titres ténébreux remplis de cordes sombres et morceaux funky au possible, comme le thème de la série qui décroche la mention « meilleure guitare funky wah wah de tous les temps ».

Autre mention spéciale à Martin Landau, fabuleux acteur, qui, en plus de son rôle dans Cosmos 1999, a notamment joué dans la Mort aux Trousses de Hitchcock et dans Ed Wood de Tim Burton.

A découvrir dans la Chongastyle’s Radio : Theme From Space 1999 et Breakaway

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24-Carat Black – Ghetto : Misfortune’s Wealth (Stax – 1973)

Attention : groupe et album cultes ! Lorsque Dale Warren, un des principaux arrangeurs de la glorieuse Motown, décida de prendre sous son aile un jeune groupe de Cincinnati dénommé les Ditalians, il leur proposa tout d’abord de changer de nom, mais surtout de composer et de produire leur unique album « Ghetto : Misfortune’s Wealth ».

Pour un premier album, c’est un véritable coup de maître : un concept qui transpire dans chacune des notes (la pauvreté et les difficultés quotidiennes des ghettos noirs), une alternance de morceaux funk relativement courts, aux breakbeats lancinants, et d’épopée soul sur plus de 10 minutes, combinant chants et passages parlés.

Cet ovni aurait pu rester totalement inconnu du grand public, si quelques artistes hip hop ne l’avait pas exhumé en le samplant respectueusement : les Young Disciples, Digable Planets, etc…Longtemps introuvable en vinyl, il fut réédité en CD en 1995. Vu le succès underground de leur unique album, les 24-Carat Balck décidèrent de se reformer sous un nouveau nom : les Shotgun. Un bel exemple du rôle essentiel du hip hop comme éternelle source de jouvence de la black music contemporaine.

A découvrir dans la Chongastyle’s Radio : le magnifique Poverty’s Paradise, à en pleurer tellement c’est beau, et le groovy Foodstamps.

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Piranha Sounds & Maledictus Sound : Le Génie Massiera

Un peu de weird groove pour changer…et rien de tel qu’un petit tour vers la scène psyché funk française des 70’s pour être dépaysé !

A cette époque, à Paris, Jean-Pierre Masseira est l’un des artistes les plus en vue grâce notamment à deux de ses projets les plus « connus » (toute proportion gardée…) : Piranha Sounds et les Maledictus Sound. Alors que les esprits s’échauffaient grâce aux rythmes psychédéliques de Pierre Henry, Gong et autres Can, Massiera ajoutaient une touche groovy et résolument funk parfois à des atmosphères qui pouvaient à tout moment basculer dans le chaos sonore.

Deux titres pour vous prouver la richesse de ses productions :

  • La Turbie Piranhienne (Piranha Sounds) : aaah, quel titre ! Rien que pour ça, ça vaut le détour…Mais en plus lorsqu’attaque un sax free jazz, repris par un break beat dantesque digne des meilleurs titres funk US, on est déjà sur les genoux…En plus de la rareté de ce titre, sa qualité en fait l’un des joyaux français de l’époque.
  • Kriminal Theme (Les Maledictus Sound) : là aussi, album rarissime. Une grosse caisse, des blips samplés sur Pierre Henry, de la caisse bien claire, des cuivres symphoniques et un final apocalyptique. Groovy et bruitiste, exceptionnel !

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Wigan Casino, ou le Temple de la Soul

Dans l’histoire musicale contemporaine, le Casino Club de la petite ville anglaise de Wigan est, au même titre que les mythiques studios Stax ou Motown, l’un des piliers de la diffusion de la soul music.

Fondé en 1973 dans cette petite ville des Midlands, près de Liverpool, le Wigan Casino est rapidement devenu le temple de la Northern Soul, cette renaissance de la soul US des sixties au coeur des clubs du nord de l’Angleterre.

En effet, alors qu’aux Etats-Unis la soul passait progressivement la main au funk puis au disco dans les années 70, de nombreux fans anglais ont prolongé la flamme de la soul grâce à un réseau de club, parmi lesquels le Torch Club, le Blackpool Mecca et, bien entendu, le plus fameux d’entre eux : le Wigan Casino.

Le terme de « temple de la soul » n’est pas excessif, car, au cours des fameuses soirées « Saturday Allnighters », plus de 2.000 personnes se pressaient sur la piste, dans une ambiance enflammée où se succédaient les références aux groupes les plus obscurs, mais aussi les plus groovy de la soul US.

Même si le club a été obligé de fermer en 1981, et alors que le bâtiment a été ravagé par le feu une année plus tard, le réseau de fans qui a contribué à son succès pendant près de 10 ans continue à faire vivre le souvenir de cette époque glorieuse. Il suffit, pour s’en convaincre, de consulter les résultats d’une recherche sur Google.

A écouter dans la Chongastyle’s Radio : Paris Blues de Tony Middleton et They’ll Never Know Why de Freddie Chavez.

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