Deuxième partie de la découverte des vinyls dénichés lors de mon escapade barcelonaise avec au menu cette fois-ci du rock psychédélique catalan, bolivien, français, de l’afrodisco et une touche de jazz funk.
Enjoy !
ELECTRIC TOXIC SO – Vol. 1 Barcelona : compilation de groupes de rock catalans des années 60 par le label Wah Wah Records, qui est également le lieu où j’ai déniché toutes ces perles. Quelques titres qui n’ont pas à envier aux meilleurs groupes de garage rock, avec une certaine originalité en plus qui donne une atmosphère particulière à ces enregistrements. Mention spéciale pour le titre de La Troupe, totalement étonnant…
WARA – El Inca (Mandrax Records reissue – 1973) : attention, disque culte ! Si vous pensiez que la musique bolivienne se résumait à des orchestres de l’Altiplano soufflant dans des flutes de pan, vous allez en être pour vos frais. Cet album de Wara est l’album le plus recherché de tous les disques sud américain des années 70. Pourquoi ? Car il mêle le folk local aux inspirations les plus psychédéliques (orgues, cordes), le tout avec un chant et un background mystique, invoquant le pouvoir de l’ancienne civilisation inca. Pour s’en convaincre il suffit de lire les paroles de ce titre. Bluffant.
ATILA – El Principio Del Fine (New Promotions – 1975) : voici les Pink Floyd catalans, rien que ça ! Atila est réputé pour être un groupe mêlant symphonie des titres et scénographie scénique lors de lives mémorables. Ecoutez un extrait de la face A de leur premier album, intitulé El Principio Del Fine (The beginning of the end) : l’intro reprenant la Toccata de Bach est assez détonnante.
[audio:z – Atila – El Principio Del Fin (Part One).mp3]
JEAN-PIERRE MASSIERA – Psychoses Freakoïd 1963-1978 (Mucho Gusto – 2007) : un grand défricheur de sons et une compilation hommage en deux parties par un label canadien. Cette première partie se concentre sur les premières sorties de Massiera, entre jerk, rock psyché, pré disco déjantée et improvisations engagées. Deux titres que j’adore : la Turbie Piranhienne et son saxo monumental, et l’afrodisco de The Starlights.
Je souhaite à tous les lecteurs de ce blog, fidèles ou nouveaux venus, une excellente année 2009 : qu’elle vous permette sans cesse d’élargir le champ de vos découvertes musicales.
Pour moi, cela a déjà bien commencé, puisque j’ai eu la chance de passer quelques jours à Barcelone pour fêter le réveillon.
C’était une découverte, puisque je n’étais jamais allé à Barcelone. J’ai été agréablement surpris par l’atmosphère vivante et originale de cette ville résolument anticonformiste ! Il suffit de visiter la Sagrada Familia pour se rendre compte que l’air catalan a insufflé chez certains artistes locaux un esprit de folie et de création sans aucunes limites !
Bref, j’ai profité de cette escapade pour me renseigner sur quelques bonnes adresses de disquaires.
Après une visite sans grand succès chez Discos Impacto (61 Carrer Tallers) et Rimshot Music (30 Carrer Gignas), je suis tombé sur la caverne d’Ali Baba : Wah Wah Records (14 Carrer Riera Baixa).
J’y ai passé un peu plus d’une heure, mais j’aurais largement pu passer le double, tellement le stock est impressionnant : funk, rare grooves, jazz, pysche, garage rock, weird grooves, etc…Ils ont notamment une collection de perles rares en rock et groove espagnol et sud américain des 60’s et 70’s.
Non contents d’avoir le meilleur éventail de vinyls de tout Barcelone, ils ont également eu la riche idée de créer leur propre label pour rééditer les artistes catalans de la scène 60’s et 70’s.
Pour débuter en fanfare cette année 2009, voici la première partie des trésors que j’ai dénichés sur place :
DOUG CARN & JEAN CARN – Revelation (Black Jazz Records) : la perle qui me manquait pour compléter ma collection de ce prestigieux label de jazz qui n’a malheureusement eu qu’une existence limitée (1971-1976). Bon, ce n’est pas un original mais une réédition, mais je ne pouvais pas passer à côté !
MAX ROACH – Drums Unlimited (Atlantic – 1966) : une autre facette du talent de Max Roach, que l’on connaît plus pour son engagement politique en faveur des droits civiques. Ici, il s’attaque à un exercice de style musical à la batterie, alternant les styles (3/4, 7/8, 4/4 pour les initiés) et mélant exercices en solo et titres accompagnés, notamment deux titres (Nommo et In The Red) où Freddie Hubbard vient illuminer les compositions de sa trompette.
[audio:z – Max Roach feat. Freddie Hubbard – Nommo.mp3]
THE VOICES OF EAST HARLEM – Right On Be Free (Elektra Records – 1970) : magnifique album qui réussit la rencontre entre gospel, soul, funk et activisme politique.
[audio:z – Voices Of East Harlem – For What It’s Worth.mp3]
SOM SANGUE E RACA – Dom Salvador e Aboliçào (Columbia – 1971) : album d’anthologie, marquant les débuts du mouvement « Black Rio », initiative politico-culturelle visant à promouvoir les origines africaines des immigrés et métisses brésiliens. Epoustouflant par la maîtrise musicale et le groove dégagé : une grande claque !
12 CONJUNTOS BEAT ARGENTINOS FOR EXPORT (RCA – 1969) : pour tous ceux qui pensent encore que l’Argentine n’est connue que pour le tango, voici une compilation qui démontre que les petits gars de Buenos Aires n’étaient pas les derniers pour les cheveux longs, les ampli Marshall et les concerts dans les garages.
Un petit clin d’oeil à l’ami B2V, qui m’a fait découvrir cette compilation exceptionnelle un soir où nous parlions pêche à la carangue en Nouvelle-Calédonie et attraits du Panama autour d’un excellent verre de rhum local…
Grosse claque une nouvelle fois par le label Strut qui avait déjà frappé un grand coup avec la compilation Nigeria 70 (dont la suite est selon moi loin d’atteindre le niveau du premier volume).
Direction cette fois-ci l’archipel des Caraïbes pour une sélection de 20 titres issus d’obscurs labels indépendants des 70’s. Ils ont toutefois tous un point commun : le groove.
Funk, soul, calypso, disco, salsa, steel drum, reggae, tout y est joyeusement mêlé mais malgré tout la compilation conserve une étonnante unité de son. C’est la marque d’un travail de qualité.
Surtout, on retrouve ici l’un des atouts majeurs des artistes caribbéens : c’est leur capacité à mêler des influences aussi multiples sans en faire un simple exercice de style aride et ennuyeux. Ici, les idées fusent aussi vitent que les accords dans une ambiance moite et chaleureuse qui a du faire des ravages sur les dancefloor de Nassau ou Trinidad.
Autre atout majeur : l’implication sociale, voire politique, de cette scène musicale qui n’avait pas oublié de lire ses classiques. Derrière les rythmiques festives, le discours est particulièrement engagé : n’oublions pas que nous sommes quelques années après les indépendances de ces pays et que le sentiment national et la lutte pour les libertés politiques et sociales sont particulièrement forts.
Petite sélection subjective de deux titres qui m’ont particulièrement impressionné :
BIOSIS NOW – Independent Bahamas : ce titre est tout simplement énorme…Fortement influencé par le Funky Nassau de The Begining of the End, également bahaméens, il déploie en 7 minutes 30 un arsenal surpuissant : refrain punchy et entraînant, petit break au milieu pour les solos, rythmique qui déroule, orgue distordu…L’un de mes hits 2008, sans aucun doute…
[audio:z – biosis now – independent bahamas.mp3]
CEDRIC IM BROOKS – Blackness of Darkness: les visiteurs du blog connaissent tous Cedric Im Brooks, le talentueux interprète de Light Of Saba ou encore d’une version mystique de Satta Massa Gana. Réputé pour son style nyabinghi et roots, on pourrait être surpris de le retrouver sur cette compil’ aux côtés de groupe salsa et calypso. En fait, ce titre colle parfaitement à la thématique, car il regroupe en 5 minutes l’équivalent de cinq morceaux différents : une intro jazz, une première partie soul-funk, un interlude jazzy, une deuxième partie reggae pur et dur et une conclusion jazz. Exemple parfait de morceau multifacettes dans lequel on aime se perdre.
[audio:z – cedric im brooks – blackness of darkness.mp3]
On quitte l’Amérique latine et les rythmes boogaloo du dernier chongamix pour se réfugier dans les atmosphères enfumées et créatrices des studios des meilleurs producteurs dub de Jamaïque dans les 70’s.
Alors que la plupart des styles nés en Jamaïque correspondent à un contexte économique et social extérieur (le ska et l’indépendance, le rocksteady et l’influence US, le reggae et le retour à l’identité africaine), le dub est né d’une erreur humaine (le DJ Rudy Redwood qui passe le mauvais disque lors d’un soundsystem en 1967) et d’une contrainte technique : remplir à moindre coût les faces B des 45t !
Ce qui est exceptionnel, c’est la capacité des producteurs jamaïcains de transformer cette erreur et cette contrainte technique en une opportunité musicale inépuisable. Et la magie de cette île des Caraïbes, c’est de pouvoir faire des enfants des classes les plus modestes des chanteurs virtuoses et de simples réparateurs électriques les génies d’un genre musical qui irriguera toute la musique moderne.
Le meilleur exemple est King Tubby, qui a commencé sa carrière comme réparateur de radio, mai qui a rapidement compris toute l’étendue des possibilités musicales que permettait la déconstruction des rythmiques reggae. Alors que la technique dicte bien souvent de nos jours la créativité des auteurs, le dub est né précisément d’une démarche inverse : une idée précise du son à obtenir poussait l’artiste à créer la machine qui permettrait de produire ce son.
C’est ainsi que King Tubby ou Lee Scratch Perry en sont venu à créer leurs propres outils de travail (chambres à écho, phaser, reverb, distortion, etc…) et ainsi créer un son si particulier qu’il est très difficile de retrouver un grain identique même de nos jours.
On a beaucoup parlé de l’héritage inestimable que le dub a laissé aux musiques contemporaines : électronique, hip hop, trip hop, drum’n bass, etc… Les ingénieurs du son du monde entier sont aujourd’hui redevables du travail mené par quelques modestes réparateurs de radio dans un studio enfumé de Kingston !
On parle encore beaucoup de dub aujourd’hui, car le genre est vivace et de nombreux artistes continuent à perpétuer une tradition d’exploration sonore, notamment en Angleterre et en France. Mais vous avouerez qu’il est malgré tout plus facile de faire du dub avec un simple ordinateur portable acheté en grande surface qu’en 1970 à Kingston…Par ailleurs, le dub n’avait une profondeur que grâce à l’enrichissement du reggae qu’il proposait. Déconnecté d’une musique qui l’a vu naître, le dub risque de ne plus être qu’une simple démonstration de prouesses techniques, sans corps ni âme.
Au contraire, au programme de ce mix, une plongée dans l’atmosphère enfumée et bouillonnante des plus grands groupes jamaïcains, remixés par la crème des producteurs et ingénieurs du son : King Tubby, Scientist, Lee Perry, Maxie, Niney The Observer, Prince Jammy, Impact All Stars, etc…
Si je ne devais retenir qu’un nom, je dois avouer un faible pour Scientist. Dans un environnement où la modestie est une valeur bien peu partagée par ses collègues, il a su lentement s’imprégner des leçons du Maître King Tubby pour progressivement le dépasser pour atteindre une sorte d’excellence du dub réduit à son plus simple appareil : une basse ronflante et profonde, accompagnée par une batterie claquante et tout en échos.
Pour terminer sur une anecdote récente qui démontre toute l’ambiguïté et l’ingratitude d’un système musical envers ces créateurs, la moitié d’un album de Scientist a été utilisée pour servir de bande-son au célèbre jeu GTA III. Malheureusement, il n’en reçut aucune contrepartie financière malgré un procès en bonne et due forme : en effet, les juges estimèrent qu’un ingénieur du son n’avait pas de droit sur une musique qu’il a pourtant créée, seul le producteur pouvant se revendiquer comme un ayant droit au sens juridique…
Raison de plus de rendre hommage à ces créateurs intemporels. Bless’em !
NOUVEAUTE ! Vous pouvez également télécharger un fichier zip avec chaque titre individuel : il vous suffit de cliquer ICI.
Bonne écoute et à bientôt pour de nouveaux Chongamix !
TRACKLIST :
01 – INTRO – King Tubby Vs Channel One
02 – KING TUBBY – The Dub Ruler
03 – THE AGGROVATORS – Jah Jah Dub
04 – THE UPSETTERS – Kingdom Of Dub
05 – HORACE ANDY – It’s Gonna Be Dread Dub
06 – THE JAHLIGHTS – Right Road To Dubland
07 – THE HARDY BOYS – Black Out
08 – CHANNEL ONE – Strictly Rockers
09 – AFRICAN DUB – Campus Rock
10 – DUB SPECIALIST – Green Light
11 – MAXIE – Blood Light
12 – NINEY THE OBSERVER – Tenement Yard Version
13 – SCIENTIST & PAPA TADS – Pack Up And Go Home Boy
14 – PRINCE JAMMY – Jahovia (Version)
15 – ITOPIA – Creation Dubwise Version
16 – WELL PLEASED & SATISFY – Open The Gate Version
17 – BURNING SPEAR – Black Wa Da-Da (Invasion)
18 – SCIENTIST & PAPA TADS – Who Dead
19 – SCIENTIST – Dance Of The Vampires
20 – SCIENTIST – Your Teeth In My Neck
21 – SCIENTIST – Plague Of Zombies
22 – KING TUBBY & SOUL SYNDICATE – Ethiopian Version
23 – LEE PERRY – Rally Dub
24 – KING TUBBY & SCIENTIST – Call Earthquake
25 – HORACE ANDY – Music Dub
26 – LINVAL THOMPSON – Channel One In Dub
27 – IMPACT ALL STARS – Jaro
28 – JOE MORGAN – Basement Dub
29 – KING TUBBY – Wickedest Dub
30 – TRUTH FACT & CORRECT – Jungle Fever
31 – ROCKERS ALL STARS – Stop Them Dub Plate
32 – MAXIE – Ganja Syrup
33 – AGGROVATORS – A Harder Version
34 – PRINCE JAMMY – The Crowning Of Prince Jammy
Alors que la série des Chongamixes atteint la dizaine deux ans après le premier volume, voici une sélection dédiée aux « latin vibrations » et aux amateurs de boogaloo. Les fondateurs de la salsa (Tito Puente, Mongo Santamaria, Fania All Stars, etc…) y côtoient les perles de la musique brésilienne (Jorge Ben, Sôm Tres, Raul Seixas) avec quelques belles raretés, comme le Welcome To Party du Har-Yo Percussion Group ou encore l’Azuquita de Guajiraa Bacan.
Profitez bien de ce voyage dans l’univers latin grooves et à très bientôt pour de nouveaux Chongamixes !
01 – INTRO – Tito Puente vs. Sesame Street
02 – RAY AND HIS COURT – De Eso Nada Monada
03 – ROBERTO ROEANY – Su Apollo Sound
04 – ERLON CHAVES – Cosa Nostra
05 – SOM TRES – Homenagem A Mongo
06 – JOE CUBA – El Pito
07 – THE FANIA ALL STARS – There You Go
08 – JIMMY SABATER – Yroco
09 – RAUL SEIXAS – Metamorfose Ambulante
10 – JORGE BEN – Ponta de Laca Africano (Umbabaraùma)
11 – TITO PUENTE – Tito on Timbales
12 – SABU MARTINEZ – Flamenco Ain’t Bad
13 – MONGUITO SANTAMARIA – Crying Time
14 – JOSE ROBERTO – Crioula Multicolorida
15 – THE GOLDEN BOYS – Berimbau
16 – JORGE BEN – Comanche
17 – THE HAR-YOU PERCUSSION GROUP – Welcome To The Party
18 – PEPE DELGADO – Come Home Baby
19 – RAY BARETTO – Soul Drummers
20 – THE TNT BOYS – Musica De Alma
21 – LENY ANDRADE – Nao Adianta
22 – MONGO SANTAMARIA – Love Child
23 – OCHO – Oriza
24 – GUAJIRAA BACAN – Azuquita