Merry Reggae Christmas To All

La période des fêtes de fin d’année approchant, l’activité du blog va progressivement se ralentir, laissant à son auteur un peu de repos bien mérité…

Mais comme je ne pouvais me résoudre à vous laisser sans un petit cadeau, vous découvrirez dans la radio un 45 tours assez rare du Gable Hall School Choir, sorti de manière relativement confidentielle en 1972 sur le label Trojan.

Cette chorale d’enfants innocents et malicieux entonne joyeusement sur la face A de ce disque un « merry christmas reggae » de toute beauté…Je ne sais pas si c’est la basse lourde, les clochettes de Noël ou la voix si douce de ce choeur d’enfants, mais je me repasse régulièrement ce petit disque à l’approche des fêtes : essayez, je vous garantie que ça vous change l’ambiance de la traditionnelle fête de famille !

La face B est tout aussi sympathique et acidulée, à l’exemple du titre : « Candy Man ».

Avant de vous quitter (provisoirement), je tenais à vous remercier pour vos visites régulières sur mon blog. Les stats ne cessent de progresser et je m’en réjouis sincèrement. Cela m’incite à vous proposer toujours plus de titres obscurs, rares et précieux en 2006.

Joyeuses fêtes de fin d’année à tous et bon début d’année !

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Steel Drums & Funk : Histoire d’une Rencontre

Vous connaissez sûrement tous les steel bands, ces orchestres d’origine caribéenne, composés de bidons de pétrole usagés et modifiés pour que la partie supérieure du fût produise un son métallique caractéristique. Mais saviez-vous que ces groupes, au-delà du cliché pour club de touristes, constituent un mouvement d’une rare popularité qui a permis a certains titres funk de trouver une seconde jeunesse ?

Tout commença au XVIIIème siècle à Laventille, petite ville à l’Est de Trinidad, où des bandes de jeunes voyous défrayaient les carnavals en martelant furieusement leurs tambours en peau, puis en bambou quand ces derniers fut interdit. Au milieu des années 30, ces orchestres de la rue se mirent à utiliser des objets métalliques, comme des couvercles de poubelle, des pièces d’automobile, des casseroles ou des boîtes de biscuit en fer blanc parce qu’ils avaient une meilleure résonance et une plus grande solidité que le bambou. À la fin des années 30, ils devinrent des orchestres de percussions métalliques à part entière ou des  » steel-bands « .

La popularité de ces groupes est sans commune mesure : chaque ville, chaque village des Caraïbes dispose au moins d’un orchestre. Près de 200 steel bands existent à Trinidad, pour une population de seulement 1 million d’habitants ! Le très sérieux « Scientific American » a même publié un article sur la physique du steel drum…

Mais au-delà de cette popularité, c’est la diversité des styles joués par ces groupes qui est impressionnante : jazz, gospel, funk, soul et même…musique classique ! Quand on sait que la plupart des joueurs de steel drum ne connaissent pas le solfège et doivent apprendre leurs morceaux par coeur, cela force le respect.

Alors, la prochaine fois que vous entendrez parler de steel bands, vous saurez que derrière l’image d’Epinal du groupe pour touristes se cache une créativité musicale et une popularité sans limites.

A écouter dans la Chongastyle’s Radio : Cissy Strut des Trinidad Steel Drummers (reprise des Meters) et Yellow Bird des Original Tropicana Steel Band

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Library Music & Samples : l’Exemple De KPM

Vouloir comprendre le hip-hop, ou toute musique à base de samples, sans connaître  la « library music » est une gageure. A ne pas confondre avec l’easy listening, cette partie méconnue de la production musicale contemporaine est composée d’instrumentaux de tous genres composés spécifiquement pour illustrer spots TV, radio, documentaires, films…

Ces titres ont le grand avantage d’être assez souples en terme de droits d’auteurs et de couvrir un large champ de styles musicaux : funk, jazz, classique, western, ambient…Beaucoup d’entreprises gèrent ce type de catalogues, mais la plupart d’entre elles sont situées en Angleterre, comme Keith Prowse Maurice (ou KPM) qui est l’une des plus connues.

Fondée en 1830, cette société a rapidement su attirer les plus grands compositeurs du moment pour enrichir son impressionnant catalogue. Mais elle sut également se démarquer en sortant dans le grand public des compilations thématiques – alors qu’auparavant la majeure partie de ces titres ne faisaient pas l’objet d’une diffusion commerciale – et en adoptant des graphismes originaux pour chaque sortie.

Etant donné la rareté et la qualité, certes inégale, mais toujours expérimentale de ces titres, la plupart des « crate diggers » du hip hop se sont jetés sur ces compilations pour en tirer des samples plus obscurs les uns que les autres. L’un des plus connus, MF Doom aka Madvillain, a ainsi largement utilisé les titres de la société Bosworth, et notamment ceux de Lew Howard.

Ce qui est le plus étonnant, ce que ce phénomène n’est pas daté des 70’s : la plupart de ces sociétés existent encore et agrandissent chaque jour leur catalogue en fusionnant entre elles ou en se faisant racheter par de grands groupes (EMI dans le cas de KPM). N’hésitez pas d’ailleurs à visiter le site de KPM et à consulter la richesse de leur catalogue. Petit conseil : en vous inscrivant (gratuitement), vous pourrez télécharger les milliers de titres proposés…

A écouter dans la Chongastyle’s Radio : Flight Of The Phoenix de John Scott et Nuplex de Brian Bennett

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Keith Hudson – A Man Kinda Cloudy…

Si la carrière de Keith Hudson est marquée comme beaucoup d’artistes jamaïcains de cette époque par une multidisciplinarité tous azimuts (compositeur, producteur, interprète, chanteur), elle a l’originalité de débuter par la production.

Dès 1968, Keith Hudson produit en effet les artistes les plus en vue : Ken Boothe, John Holt, etc…Par ailleurs, il obtient en 1969 le titre très recherché de premier producteur à avoir repéré le célébrissime deejay « Daddy » U Roy en le faisant enregistrer une version d’un titre de Ken Boothe : Dynamic Fashion Way.

Mais la célébrité ne viendra réellement que lorsque que Keith décide de se lancer lui-même dans l’aventure musicale au milieu des années 70. Il se distingue rapidement par un univers artistique à part entière : là où Lee Perry explose tous les repères par sa folie créative, Keith Hudson s’attache à construire une atmosphère, un background (à noter notamment des pochettes particulièrement réussies cf. ci dessous)

Malheureusement, face au dancehall naissant et au changement de goût du public, il doit s’exiler en Angleterre sur des labels aussi exotiques qu’éphémères : Mamba, Conqueror, Magnet,… Son talent s’exprime alors pleinement et aboutit à son album culte : « Torch of Freedom ».

Le succès du dancehall et des rythmiques électroniques dans les années 80 accroît encore un peu plus l’écart avec son univers artistique, ce qui lui laissera pour toujours le goût amer de l’occasion manquée. Il meurt en 1984, laissant  derrière lui un héritage de 13 albums, 4 compilations, de multiples productions et collaborations.

A écouter dans la Chongastyle’s Radio : Darkest Night On A Wet Looking Road et Torch Of Freedom.

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Gambia 70’s : Afrocentrisme et Expérimentations Musicales

La musique africaine contemporaine ne peut définitivement se résumer à ce concept, assez détestable il faut l’avouer, de « world music » : les lecteurs avertis de ce blog en sont, j’en suis sûr, convaincus. Mais afin de vous en persuader définitivement, je ne prendrai pour exemple que la richesse de la scène gambienne des années 70, à travers de deux groupes exceptionnelles : Ifang Bondi et Guelewar.

Au sommet de la gloire des Super Eagles de Gambie, au début des années 70, Badou Jobe et Paps Touray s’interrogent sur leur popularité, qui remet en cause leurs engagements militants panafricains. Ils décident alors de tout plaquer, le groupe, la célébrité et la facilité pop, pour se replonger dans un bouillonnement musical, composé de leurs racines africaines et d’influences expérimentales extérieures. de ce bouillonnement jaillira en 1979 le premier album de leur nouvelle formation : Ifang Bondi (« Sois toi-même »). Un premier album militant, sans concessions et d’une incroyable richesse musicale.

L’histoire du groupe Guelewar Band of Banjul est encore plus obscure. Fondé par Baboucar Sadikh Dabo et Laye Ngom, cette formation a réussi le pari de s’émanciper très tôt des styles plébiscités à l’époque (la rumba et le highlife) pour tenter un mélange improbable de rythmes locaux et de rock psychédélique. Leurs positions politiques étaient encore plus affirmées qu’Ifang Bondi, puisqu’ils composèrent même un titre en l’honneur du président Dawda Jawara, leader historique de l’indépendance gambienne en 1965.

Si l’explosion de la scène sénégalaise et l’avènement du mbalax porté notamment par Youssou N’Dour ont éclipsé par la suite les artistes gambiens, la redécouverte de leur héritage prouve une nouvelle fois que l’expérimentation et la variété musicale n’étaient pas l’apanage des groupes occidentaux des 70’s. Et l’on se prend à rêver de ce qui aurait pu se produire si cette scène musicale, tout comme l’idéal panafricain, avaient abouti…

Un grand merci à Aduna pour les précieuses informations collectées et diffusées sur son blog. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à vous reporter aux très bonnes notes du coffret « Golden Afrique » (Network – 2005).

A découvrir dans la Chongastyle’s Radio : Saraba d’Ifang Bondi et Warteef Jiggeen de Guelewar Band of Banjul

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