Femi Kuti – Live At The Shrine (DVD)

Quelle claque…Comme celles qu’on reçoit peu de fois dans sa vie et qui peuvent changer la perception que l’on a du monde.

De Femi Kuti, je savais peu de choses, à part bien entendu qu’il était le fils de son père – Fela Anikulapo Kuti, le Roi de l’Afrobeat et grand défenseur de la cause du peuple nigérian, qu’il avait plus ou moins repris le flambeau, en tout cas qu’il était musicien et qu’il passait sa vie entre les Etats-Unis, l’Afrique et l’Europe.

Quelques albums intéressants, dans la veine musicale développée par son père, mais rien de semblable à la puissance tellurique dégagée par ses prestations au Shrine.

Et puis ce titre « I wanna be free » entendu sur Nova. Refrain accrocheur, mélodie sautillante, discours posé et engagé. Un live au Shrine, le club mythique créé par Fela à Lagos ? Pas vraiment, puisque le Shrine original a laissé place depuis à une des nombreuses églises évangéliques, qui ne cessent de fonder leur développement sur le terreau de la pauvreté, du manque d’éducation et de la violence rampante qui sévissent actuellement au Nigéria. Le nouveau Shrine a été recréé de toute pièces par Femi dans une zone industrielle et accueille depuis 2000 une grande partie de la tribu Kuti ainsi que toute les amis, musiciens, et satellites divers qui gravitent autour de Femi : une nouvelle République de Kalakuta, en somme…

Et enfin ce DVD, qui est en fait la vidéo d’un live de 2004, agrémentée d’interludes documentaires sur la vie au Shrine, son bouillonnement créatif, son organisation démocratique (le choix des chansons d’un album font l’objet d’un vote du public !) et surtout une énergie exceptionnelle. Je suis resté littéralement soufflé par la prestation de Femi lors de cette session quasi ordinaire des Sunday Jump qui peuvent l’amener à jouer près de 5 heures de suite, jusqu’à l’épuisement.

Quelle puissance, quelle force gigantesque déployée par un Femi habité par l’âme créatrice et révolutionnaire de son père ! Certains titres sont de vrais coups de poing sonores et politiques, à l’exemple de « Shotan », qui condense en 6 minutes de réel délire (orchestre en transe, bouteilles et chaises qui volent…) tout l’espoir et la frustration d’un peuple condamné à la pauvreté.

Mais l’énorme surprise vient de la découverte d’un Femi Kuti qui a définitivement dévoué sa vie à la propagation des idéaux défendus par son père. Cette « Positive Force » (nom de son groupe) qu’il prône pour sortir les Africains d’un complexe d’infériorité historique qui contribue à freiner sans cesse leur propre développement. Car, comme l’affirme si justement Femi, comment se prétendre indépendants aujourd’hui, 40 ans après l’indépendance « officielle », alors que l’accès à l’électricité et à l’eau courante reste un luxe et dépendre de l’aide internationale une nécessité ?

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