Titre cultissime, couverture exceptionnelle : voilà déjà deux bons points qui nécessitent à eux seuls l’achat de cette réédition de GG. Vikey.
Mais cet arbre cache la forêt luxuriante de la vie et du destin musical de ce héros national béninois.
Inspecteur du trésor et expert maritime de profession, il s’est surtout fait connaître dans les années 60 par ses talents d’auteur-compositeur-parolier-interprète. Adepte du high-life ghanéen, il le popularise en adoptant une forme mi-acoustique, mi-orchestrée.
Grand observateur des moeurs populaires, critique acerbe de la vie politique post-indépendance et farouche partisan du panafricanisme, GG Vikey touche par ses chansons sans prétention, aux mélodies impeccables mais dont les paroles sont de vrais armes contre les injustices sociales et le colonialisme. Pour preuve, cet extrait de « La Bétise Humaine » :
Le colon qui vit en Afrique
Couillonne le bon petit nègre
Et quand rien ne va plus
Il fait appel au métropolitain
Il l’aveugle à son tour
Il lui dit que c’est le péril noir
L’arme sur l’épaule
Le pauvre innocent
Va mourir pour lui
Voici un garçon fauché
Qui emballe les jeunes vagabonds
En criant sur tous les toits
Que les Africains
Sont des cannibales
Il est très applaudi
Les gens paient pour lui serrer la main
Si bien qu’aujourd’hui
Le truand ne se sert plus de ses pieds
Jeannette vend sa peau
Satinée
Dans les hôtels de Pigalle
Nombreux sont les clients
Qui font la queue
Et lui donnent de l’argent
L’état veille sur elle
C’est une femme d’utilité publique
Elle a sa licence
De profiter de la bêtise de l’homme
En retrait de la vie musicale, débordé par la jeune garde et les nouveaux styles, GG Vikey n’en reste pas moins une véritable icône du Bénin. Un livre-hommage est en cours de rédaction, deux rues portent son nom, des statues ont été inaugurées et le 30 avril 2003 il a reçu des mains de l’épouse du Président Compaoré le prix du « Kundé d’or », distinction de portée interafricaine, en hommage à son titre « Vive les Mariés » et à l’ensemble de son oeuvre.