Alan Hawkshaw & Alan Parker – Hungry Wolf (Philips – 1970)

Attention, disque culte de l’homme qui fonda dans les années 60 les célébrissimes Mohawks : Alan Hawkshaw!

Infatigable participant à de multiples sessions d’enregistrements (Mohawks, Hair, The Shadows,…), Hawkshaw est devenu maître dans l’art de l’orgue Hammond. Il a également travaillé avec Olivia Newton-John et Serge Gainsbourg comme directeur artistique et arrangeur. Il réalisa enfin un grand nombre de musiques de spots TV, ce qui contribua à faire de Hawkshaw LE pape de la library music.

Avec son comparse Alan Parker, lorsqu’ils avaient un peu de temps libre entre deux sessions d’enregistrements, ils…enregistraient encore de la musique ! En 1970, ils alignèrent le temps d’un mini session de travail la crème de la crème des instrumentistes de l’époque :

Clem Cattini – drums
John Edwards – trombone
Tony Fisher – trumpet
Herbie Flowers – bass
Ken Gouldie – trombone
Cliff Hardy – trombone
Bobby Haughey – trumpet
Alan Hawkshaw – keyboards
Alan Parker – guitar
Peter Lee Stirling – vocals
Derek Watkins – trumpet

Le résultat de cette session, c’est ce disque : Hungry Wolf. Edité à 100 exemplaires, ce disque est devenu depuis un collector recherché par tous les crate-diggers du monde. Grâce à une réédition coréenne (si, si…) en 2003, la qualité et l’originalité de cette session est maintenant disponible à tous.

Principalement instrumentale, la session mixe du jazz, de la pop, du psychédélique bref un condensé de rare grooves avec quelques parties vocales particulièrement réussies, notamment sur Revolution et Waiting For The Morning Sun.

Par contre, je vous rassure : le graphiste qui avait conçu la pochette du disque a été viré depuis !

[audio:z – Hungry Wolf – Revolution.mp3] [audio:z – Hungry Wolf – Waiting for the morning sun.mp3] [audio:z – Hungry Wolf – Country wild.mp3]

Traffic Sound – Yellow Sea Years (Vampisoul – 2005)

Après l’Iran, faites vos bagages : Chongastyle vous emmène de l’autre côté de l’Atlantique, au Pérou, à Lima plus précisément, pour y découvrir un des fleurons de la scène rock psychédélique des années 60-70 : Traffic Sound.

Composé en 1966 par d’anciens membres des deux plus importants groupes de la première vague rock péruvienne du début des années 60 : Los Hang Ten et Los Mads. Le nom de « Traffic Sound » vient d’un feu tricolore (traffic light) récupéré lors d’une virée nocturne agitée dans les rues de Lima, et qui trônait depuis dans le grenier où le groupe répétait.

Après plusieurs mois de répétitions et de prestations scéniques remarquées au Tiffany’s Club, l’un des hauts lieux de la culture rock péruvienne, ils sont repérés par le label MAG qui leur permet de produire leur premier album. Composés de reprises des Doors, de Cream et de Hendrix, cet album commence à laisser entrapercevoir des influences latino dans l’exécution des titres, ce qui deviendra ensuite la marque de fabrique du groupe.

Ils réalisent en 1969 leur album culte, Virgin, qui mêle influence anglaise et US (Pink Floyd, Led Zeppelin, Beatles…) en y ajoutant une touche latine qui fait la différence et surtout fait du groupe l’un des plus demandés sur scène dans tout le pays.

Au début des années 70, ils prennent un tournant plus politique et mettent clairement en avant leurs influences latines, contribuant à confirmer leur statut de groupe culte.

Après une série de concerts dantesques en 1971, ils décident contre toute attente d’arrêter le groupe, un seul de ses membres continuant une carrière musicale.

Ils se reformèrent en 1993 le temps d’un concert et de l’enregistrement de quelques rééditions de titres passés, afin de montrer à une nouvelle génération d’artistes et musiciens péruviens l’héritage culturel qu’ils leur avaient légué. Puis ils retournèrent tous à leurs occupations professionnelles, laissant planer autour du groupe une atmosphère d’inachevé, marque des plus grands groupes cultes.

A défaut de vous offrir le billet pour Lima, voici quelques titres sélectionnés parmi l’excellente compilation réalisée en 2005 par le label Vampisoul :

  • TRAFFIC SOUND – Marabunta : long titre cinématique de 10 minutes, où comment redécouvrir la cordillère des Andes sous acide…Le versant Pink Floyd des Traffic Sound, alternant flute andine et saxo free jazz du meilleur effet. Etonnant.
[audio:z – Traffic Sound – Marabunta.mp3]
  • TRAFFIC SOUND – Meshhalina : le nom de la chanson est déjà tout un programme, ode à la mescaline, substance psychotrope qui a sûrement permis de composer Marabunta…Côté groove, le groupe mixe des guitares rock classique à quelques touches latines qui apportent un vrai plus : quelques notes de piano, un chant ensoleillé (ya ya ya…), une trompette perdue entre deux riffs, etc…
[audio:z – Traffic Sound – Meshhalina.mp3]
  • TRAFFIC SOUND – Shy Pilot : si les Beatles avaient enregistré « Strawberryfields forever » à Lima, cela aurait sûrement donné cela. Ca part en tube pop, et à 3 minutes, le titre bifurque vers un interlude psychédélique, pour mieux repartir en pop, puis finir en a cappela mystique…Les montagnes russes version péruvienne.
[audio:z – Traffic Sound – Shy Pilot .mp3]
Si vous souhaitez aller plus loin et découvrir l’histoire du rock au Pérou, je vous conseille ce documentaire, disponible sur YouTube. La deuxième partie est disponible ici.

Funk Archaeology by Egon

Quand le manager du prestigieux label Stones Throw (Madlib, MF Doom, JDilla…) se lance dans le blogging pour faire découvrir ses trouvailles sonores récupérées aux quatres coins du monde, ça mérite le détour !

Depuis août 2008, Egon, alias Eothen Alapatt, tient un blog exceptionnellement fourni et inépuisable sur le site NPR.org, où il permet d’entrevoir une (modeste) partie de sa gigantesque collection de raretés funk, soul, rare grooves et hip hop que tout crate digger digne de ce nom rêverait de posséder.

On y croise des reprises de James Brown par des fanfares de l’armée US, du fast rap, du rock psychédélique brésilien et du hard funk mexicain interprété par un groupe qui s’appelle les « Rabbits & Carrots » !

Avec Peanut Butter Wolf et Jeff Jank, le directeur artistique, il est l’un des piliers du son Stones Throw. Il est à l’origine de l’une des compilations de funk les plus mythiques (la fameuse « Funky 16 Corners ») et a fondé en 2002 son propre label, Now Again, destiné à produire des rééditions d’obscurs groupes US de funk et soul.

Iranian Grooves (Part 3) : Lloyd Miller – Oriental Jazz (1969-1972)

Troisième et dernière partie de cette découverte sonore de la scène groove iranienne des années 60 et 70. J’ai gardé le meilleur (à mes yeux) pour la fin en la personne de Lloyd Miller et de son quartet de jazz Press Keys.

Lloyd Miller est pour le moins un jazzman extraordinaire, et sa carrière est un véritable roman.

Né en Californie en 1938, d’un père clarinettiste de jazz et d’une mère danseuse de ballet, il commença à jouer du piano à trois ans. Curieux par nature, il devint rapidement un multi-instrumentiste de renom (clarinette, accordéon, banjo, etc…) et joua dans de nombreux orchestres universitaires.

Il séjourna ensuite plusieurs fois en Europe, et notamment à Paris, où il joua avec les plus grands : Don Ellis, Eddie Harris, Bud Powel, Kenny Clark. Il découvrit avec ces artistes une ouverture culturelle inédite vers les musiques du Moyen-Orient et il n’aura de cesse depuis ces rencontres de mêler tradition orientale et modernité du jazz modal.

A l’occasion d’un séjour d’un an en 1957 à Téhéran avec ses parents, il découvre la richesse et la diversité de la musique traditionnelle persane et s’initie aux instruments locaux : santur, oud, etc…

Son album « Oriental Jazz » enregistré à la fin des années 1960 fut récompensé par de nombreux trophées à l’occasion du Intercollegiates Jazz Festival. En parallèle, il suivait des études approfondies en culture perse à l’Université de Salt Lake City.

En 1970, tournant le dos à une carrière purement commerciale, il s’envole pour Téhéran où il va passer sept ans de sa vie consacrés à l’étude et à la diffusion d’un jazz mélant musique perse et modernité bop. Le succès est au rendez-vous, puisqu’il réussit à obtenir la direction d’une émission musicale sur la principale chaîne iranienne et devient également le responsable des relations publiques du Centre pour la Préservation et la Propagation de la Musique Traditionnelle Iranienne.

A son retour d’Iran, en 1977, il n’aura de cesse de promouvoir cette double culture jazz et persane, notamment par le biais de son site internet : www.jazzscope.com.

[audio:Z – Lloyd Miller – Gol-E-Gandom.mp3]
[audio:z – Lloyd Miller – Amber Eyes.mp3]

[audio:z – Lloyd Miller – Perso Jazz Band.mp3]

Iranian Grooves (Part 2) : Kourosh Yaghmaei – Gol-e Yakh (1974)

Seconde partie de la découverte des grooves rares et exotiques made in Téhéran, avec à l’affiche aujourd’hui Kourosh Yaghmaei.

Kourosh découvrit la musique à l’âge de dix ans, lorsque son père lui offrit un santour (instrument à cordes traditionnel persan). Après cinq ans de pratique intensive, il acquis une précieuse connaissance de la musique traditionnelle iranienne et de solides bases rythmiques.

Au lieu de les mettre au service d’une interprétation classique, il décida de fonder plusieurs groupes de rock, influencés par les déferlantes de sons occidentaux qui faisaient le bonheur des jeunes iraniens.

Lors de sa dernière année d’études en sciences sociales à l’université de Téhéran, il composa et enregistra l’album qui le rendit célèbre, y compris au-delà des seules frontières de l’Iran : Gol-e Yakh. Son single éponyme, dont le texte a été écrit par l’un des collègues d’université, le poète Mehdi Akhavan Langeroudi, a été un véritable succès, repris de nombreuses fois par des groupes locaux et même des groupes étrangers.

Survint la révolution islamique en 1979, qui l’écarta pendant près de 17 ans de la scène musicale locale. Il se réfugia dans l’écriture de textes et cassettes pour enfants. Il reste encore à ce jour le pionnier du rock iranien et son héritage musical a tracé la voie pour de nombreux groupes iraniens actuels.

[audio:z – Kourosh Yaghmaei – Gole Yakh.mp3] [audio:z – Kourosh Yaghmaei – Sarabe To.mp3]