Ethiopiques Vol. 17 – Tlahoun Gessesse (Buda Musique – 2004)

Depuis la sortie du dernier film de Jim Jarmusch, « Broken Flowers », et de sa bande-son pointue, la musique éthiopienne est à la mode dans les milieux chics et intellectuels…On y redécouvre une musique ancestrale et moderne à la fois, qui par son sens de la gamme pentatonique, exalte la méditation et le recueillement.

S’extasier sur les trois titres de Mulatu Astatke qui figurent sur cette bande-son, c’est bien joli, et si cela permet déjà de renflouer les poches des artistes concernés, ce sera déjà pas si mal. Mais c’est oublier bien vite que la scène éthiopienne contemporaine ce sont des milliers de groupes, autant de labels et d’artistes, qui ont révolutionné la façon même de jouer de la musique en une génération.

L’un de ces artistes cachés par les phénomènes Mulatu Astatke ou Mahmoud Ahmed, c’est Tlahoun Gessesse. Heureusement, la prodigieuse collection Ethiopiques du label Buda Musique nous permet de découvrir ce personnage, connu sous le surnom de « The Voice », c’est tout dire. Véritable icone nationale, il est considéré comme une véritable pop star.

Si le groove et le côté souvent funky des arrangements ne trompent pas (ils sont de Mulatu Astatke) et rappellent l’ébullition d’une période pré-Motown, et si la voix parfois mielleuse de Gessesse laissent parfois penser à quelques chansons d’amour, il ne faut pas s’y tromper : nous sommes dans un registre éminemment politique.

Enregistrés quelques années avant la fin du règne de Haile Selassie, beaucoup des titres de Gessesse ont été repris par des dissidents au pouvoir du Negus, souvent sans à son insu, entraînant leur interdiction dès leur diffusion et même à plusieurs reprises l’emprisonnement de son auteur.

Message à ceux qui ont aimé « Broken Flowers » : ne vous fiez pas aux apparences ; les nuances de la musique éthiopienne sont aussi nombreuses que celles des fleurs avant qu’elles ne se fânent…Alors plongez-vous sans compter dans la collection Ethiopiques et dans l’histoire de ce pays si riche culturellement et spirituellement.

A découvrir dans la Chongastyle’s Radio : Aykedashem Lebe, et son orgue fou furieux, et Beyet New Mengedu, avec son breakbeat jamesbrownien.

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Chongamix #3 – Weird Grooves – Exotic Beats & Obscure Bands

Troisième volet de mes mixes perso, avec cette fois-ci une immersion dans les franges les plus obscures et les plus psychédéliques des musiques contemporaines.

Au programme : du garage rock japonais des 60’s, une reprise du standard « House in New Orleans » en allemand, des interludes ténébreux de Ken Nordine, Ennio Morricone comme vous ne l’avez encore jamais vu, du rock psychédélique turc, de la pop française échevelée, etc…

Bonne écoute et bonne découverte à tous !

Vous pouvez télécharger le mix en cliquant ICI

01 – Salvador Dali – Interview
02 – Orchester G. Gollash – Es steht ein haus in New Orleans
03 – Jack Arel – Aux Frontières du Possible
04 – The Tempters – Wasure Emu Kimi
05 – Beybonlar – Nenni
06 – Janko Nilovic – Xenos Cosmos
07 – Mort Garson & Jacques Wilson – Taurus
08 – Paul Piot & Paul Guiot – Amour, Vacances et Baroque
09 – Georges Gavarentz – Haschisch Party
10 – Iron Butterfly – Possession
11 – Ken Nordine – Yellow
12 – Alain Goraguer – Meditation des Enfants
13 – Piero Umiliani – Saudade
14 – Luis Enrique Bacalov – A Ciascuno il Suo
15 – Barry Gray – Break Away
16 – Ennio Morricone – Valmonts GoGo Pad
17 – Shocking Blue – Love Buzz
18 – The Tempters – Himitsu No Aikotoba
19 – Ken Nordine – Green
20 – Mort Garson & Jacques Wilson – Aries
21 – Philippe Nicaud – Cuisses Nues, Bottes de Cuir
22 – Manfred Krug – Morgen
23 – Istanbul Erkek Lisesi  –  In The Deepings
24 – Les Maledictus Sound – Kriminal Theme
25 – Luie Luie – El Touchy
26 – Les Problèmes – Dodécaphonie
27 – Bo Hansson – Flight To The Ford
28 – Ravi Harris & The Prophets – Thunderbird (Part 2)
29 – Stark Reality – Roller Coaster Ride

12 inch Session #2

Quelques perles roots en version « extended » (12 inch) avec au programme cette fois-ci :

  • THE HEPTONES – We Want It (The Thing – 1977) : un riddim rockers interprété par les Revolutionaries, une partie vocale exceptionnelle (comme d’habitude avec les Heptones !) et un dub dantesque.
  • FLICK WILSON & THE ROOTS RADICS – Slave Master (Greensleeves 12 inch Singles Vol. 07) : quand la voix haut perchée de Flick Wilson rencontre la production de Junjo Lawes, la table de mix de Scientist et le talent rythmique des Roots Radics, ça donne forcément un hit.
  • BOY BLUE – Long Time I No Smoke (S&G Records – 198X) : un chanteur peu connu, sur un label tout aussi confidentiel, mais quel titre et quelle production ! Les tambours nyabhingi apportent une touche lancinante assez fantastique.

Vous pouvez télécharger la session en cliquant ICI.

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La scène jazz polonaise des 60’s

La Pologne n’est pas nécessairement la première scène musicale à laquelle pense l’amateur de jazz lorsqu’il s’agit d’explorer les trésors de ce style né des longues luttes afro-américaines, quelque part dans le delta du Mississipi.

Et pourtant, ça serait passer à côté des merveilles, souvent méconnues, que nous propose ce pays d’adoption d’une scène jazz parmi les plus anciennes d’europe : le premier festival de jazz, le Sopot Jazz Festival, a eu lieu en…1956 !

L’une des grandes richesses de cette scène est de présenter une rare diversité de styles : du big band, au bop, en passant par la fusion et le free. L’autre richesse est l’aptitude des musiciens polonais à intégrer des pans entiers de leur culture populaire dans leurs interprétations. Il faut avouer que jouer du jazz en Pologne à cette époque (fin 50’s – courant 60’s) était perçu comme un acte particulièrement subversif par le pouvoir aux ordres de Moscou : tout ce qui venait des Etats-Unis n’était donc pas forcément le bienvenu !

De cette scène, ressortent quelques grands noms, qui, pour certains, ont largement dépassé les frontières du pays. L’un d’entre eux, le pianiste Krzysztof Komeda, a ainsi composé la bande originale du film « Rosemary’s Baby » de Roman Polanski. Un autre grand nom de la scène polonaise, le vibraphoniste Jerzy Milian, a tracé une voie plus intense et plus originale encore, préfigurant de manière étonnante la scène soul-jazz française des années 70 (cf. le magnifique album Mélodie en Sous-Sol).

Pour preuve : un titre exceptionnel – « Wsrov pampasow » – avec son intro sombre et angoissante, son piano entêtant puis des cuivres aériens et poétiques ; et cette flûte…. A découvrir dans la Chongastyle’s Radio avec le groovy « Five, four, three » des Novi Singers.

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The Pharaohs – In The Basement Live (Luv N’ Haight – 1996)

The Pharaohs est l’un de ces nombreux groupes méconnus de jazz-funk des années 70, avec à son actif un seul album, The Awakening, enregistré en 1971 pour le label Scarab. Et pourtant, les membres de ce groupe allaient bientôt révolutionner l’histoire musicale contemporaine en composant la section cuivres des futurs Earth, Wind & Fire : The Phenix Horns.

En réalité, ils enregistrèrent un second album, ou plutôt un live basé sur des sessions de 1972, au cours desquelles le groupe est à effectif maximum (15 personnes !) et au zénith de sa créativité. Ces enregistrements n’ont jamais été diffusés avant que le label Luv N’ Haight ne décide de les ressortir en 1996, soit près d’un quart de siècle après leur enregistrement.

Sur les cinq pistes que compte ce disque, la fusion funk-jazz-afro du groupe explose littéralement lors d’épopées rythmiques souvent proches des 10 minutes. Alors que leur premier album dévoilait leur facette funk, ce live révèle le penchant jazz, voire avant-gardiste, des musiciens : « Drum Suite » est ainsi une incroyable plongée en apnée, une véritable transe rythmique fusionnant avec des chants tribaux…une expérience live qui est sûrement restée gravée dans la mémoire des (chanceux) spectateurs.

A découvrir dans la Chongastyle’s Radio : African Roots et Drum Suite

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