GI Funk – 14 Vietnam Wartime Funky Club Hits (Playback Recordings – 2004)

Voilà un beau programme : une compilation de 14 titres phares de l’époque de la guerre Vietnam exécutés par des groupes obscurs, envoyés sur le front pour remonter le moral des troupes, qui était pourtant bien bas dans les rangers…

Ne cherchez pas parmi les noms de groupes, vous n’en connaissez aucun : The Saphires, Funkgus, Tali Bong, Saigon Show Band, Madam Laos In House Showgirl Band, Fuka Vicente…

Les titres des chansons sont, par contre, nettement plus célèbres : « Memphis Soul Stew » (reprise de King Curtis), « Superstition » (reprise de Stevie Wonder), « Funky Stuff » (reprise de Kool & The Gang) etc…

La qualité musicale et le côté ultra-rare du disque raviront les fans de funk barré et exotique. Je vous conseille particulièrement le titre de Fuka Vincente, « Tempura Soul », où le mix entre koto – instrument traditionnel asiatique – et beat funky est imparable.

On peut regretter le design un peu cheap et les notes intérieures réduites à leur plus simple expression.

A titre d’info, le label Playback Recordings, dont GI Funk est la première sortie, a également réédité l’album « El Combo Xingu » du groupe psychédélique péruvien Xingu, une perle pour les fans de raretés…

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Gustave Gbénou Vikey – Le chantre de la négritude et sa guitare africaine (Bolibana – 2002)

Titre cultissime, couverture exceptionnelle : voilà déjà deux bons points qui nécessitent à eux seuls l’achat de cette réédition de GG. Vikey.

Mais cet arbre cache la forêt luxuriante de la vie et du destin musical de ce héros national béninois.

Inspecteur du trésor et expert maritime de profession, il s’est surtout fait connaître dans les années 60 par ses talents d’auteur-compositeur-parolier-interprète. Adepte du high-life ghanéen, il le popularise en adoptant une forme mi-acoustique, mi-orchestrée.

Grand observateur des moeurs populaires, critique acerbe de la vie politique post-indépendance et farouche partisan du panafricanisme, GG Vikey touche par ses chansons sans prétention, aux mélodies impeccables mais dont les paroles sont de vrais armes contre les injustices sociales et le colonialisme. Pour preuve, cet extrait de « La Bétise Humaine » :

Le colon qui vit en Afrique
Couillonne le bon petit nègre
Et quand rien ne va plus
Il fait appel au métropolitain
Il l’aveugle à son tour
Il lui dit que c’est le péril noir
L’arme sur l’épaule
Le pauvre innocent
Va mourir pour lui

Voici un garçon fauché
Qui emballe les jeunes vagabonds
En criant sur tous les toits
Que les Africains
Sont des cannibales
Il est très applaudi
Les gens paient pour lui serrer la main
Si bien qu’aujourd’hui
Le truand ne se sert plus de ses pieds

Jeannette vend sa peau
Satinée
Dans les hôtels de Pigalle
Nombreux sont les clients
Qui font la queue
Et lui donnent de l’argent
L’état veille sur elle
C’est une femme d’utilité publique
Elle a sa licence
De profiter de la bêtise de l’homme

En retrait de la vie musicale, débordé par la jeune garde et les nouveaux styles, GG Vikey n’en reste pas moins une véritable icône du Bénin. Un livre-hommage est en cours de rédaction, deux rues portent son nom, des statues ont été inaugurées et le 30 avril 2003 il a reçu des mains de l’épouse du Président Compaoré le prix du « Kundé d’or », distinction de portée interafricaine, en hommage à son titre « Vive les Mariés » et à l’ensemble de son oeuvre.

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Chongastyle’s Mix Session on MC ONE

Salut à tous,

Deux de mes mixes seront diffusés ce soir, de 20h à 22h sur la radio monégasque MC ONE (98.2 FM ou via le web : www.one.mc)

Voici la tracklist du premier mix : « Je suis un sauvage – Afrobeat kings lead the nation « 

01 – MONOMONO – Ipade Aladun
02 – TONY ALLEN PLAYS WITH AFRICA’70 – Afro-Disco Beat
03 – OBO ADDY – Moko N’Ye Omo Ny Oba
04 – GYEDU BLAY AMBOLLEY & THE STENEBOOFS – Simigwado
05 – BUARI – Advice From Father
06 – DICK KHOZA – Chapita
07 – SUPER BITON DE SEGOU – Recoma
08 – BEMBEYA JAZZ NATIONAL – Band Introduction
09 – ORCHESTRE G.O MALEBO – Foreman Ali Welcome to Kinshasa
10 – KALLE & L’AFRICA TEAM DE PARIS – Africa Boogaloo
11 – GASPER LAWAL – Awon Ojise Oluwa
12 – SUPER MAMA DJOMBO – Guine Cabral
13 – ORCHESTRA BAOBAB – Dee Moo Woor
14 – ASIKO – Okeron
15 – HONNY & THE BEES BAND – Psychedelic Woman
16 – KOKOLO AFROBEAT ORCHESTRA – Donkey
17 – SABU MARTINEZ – Martin Cohen Loves Latin Percussion
18 – THE RWENZORI’S – E Wara (Parts 1 & 2)
19 – MOUSSA DOMBIA – Keleya
20 – OSIBISA – Kokorokoo
21 – MIRIAM MAKEBA – Kulala
22 – EKO – Kilimandjaro My Home

Voici la tracklist du second mix : « Weird Grooves – Exotic beats & Obscure bands »

01 – Salvador Dali – Interview
02 – Orchester G. Gollash – Es steht ein haus in New Orleans
03 – Jack Arel – Aux Frontières du Possible
04 – The Tempters – Wasure Emu Kimi
05 – Beybonlar – Nenni
06 – Janko Nilovic – Xenos Cosmos
07 – Mort Garson & Jacques Wilson – Taurus
08 – Paul Piot & Paul Guiot – Amour, Vacances et Baroque
09 – Georges Gavarentz – Haschisch Party
10 – Iron Butterfly – Possession
11 – Ken Nordine – Yellow
12 – Alain Goraguer – Meditation des Enfants
13 – Piero Umiliani – Saudade
14 – Luis Enrique Bacalov – A Ciascuno il Suo
15 – Barry Gray – Break Away
16 – Ennio Morricone – Valmonts GoGo Pad
17 – Shocking Blue – Love Buzz
18 – The Tempters – Himitsu No Aikotoba
19 – Ken Nordine – Green
20 – Mort Garson & Jacques Wilson – Aries
21 – Philippe Nicaud – Cuisses Nues, Bottes de Cuir
22 – Manfred Krug – Morgen
23 – Istanbul Erkek Lisesi  –  In The Deepings
24 – Les Maledictus Sound – Kriminal Theme
25 – Luie Luie – El Touchy
26 – Les Problèmes – Dodécaphonie
27 – Bo Hansson – Flight To The Ford
28 – Ravi Harris & The Prophets – Thunderbird (Part 2)
29 – Stark Reality – Roller Coaster Ride

Judah Eskender Tafari – Jah Light (Studio One – 1981)

Une fois n’est pas coutume, arrêtons-nous sur un titre…mais quel titre que ce « Jah Light », écrit et interprété par Judah Eskender Tafari et produit par l’incontournable Clement Coxsone Dodd.

Sorti en 1981 sur le label Studio One, « Jah Light » apparaît un peu par accident sur la compilation hautement recommandable « Pirates Choice ». Par accident, car à cette époque, Judah Eskender Tafari n’était qu’un apprenti musicien qui traînait depuis deux, trois ans autour du 13 Brentford Road. Rien ne le prédestinait à dépasser le stade du single, car même Coxsone bloqua pendant longtemps la sortie de ce qui aurait pu devenir son premier album, « African Blood ».

Et pourtant, « Jah Light » illumine la compilation Pirates Choice par sa beauté intemporelle, son mysticisme envoûtant et sa langueur groovy. Et cette voix…On la croirait venir d’une autre planète, haut perchée et cotonneuse, un vrai délice. Et ce saxophone en intro…L’histoire veut que le saxophoniste de la session soit un parfait inconnu, venu de la campagne sur commande de Coxsone, comme beaucoup de musiciens qui allaient jouer dans les hôtels à touristes sur la côte Nord de la Jamaïque.

Le plus ironique, c’est que malgré l’exceptionnelle qualité de ses débuts, Judah Eskender Tafarai n’a quasiment plus rien produit par la suite. Entre le Canada, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, il occupa son temps à jouer de la basse ou de la guitare pour plusieurs amis, jusqu’au jour où le producteur Gussie P. lui proposa, en 1995, de sortir un véritable album : « Rastafari Tell You ».

Malheureusement, la production un peu hasardeuse un timbre de voix bien différent des débuts ne permettent pas de transformer un essai pourtant louable. On gardera alors le souvenir de ce « Jah Light » qui, pendant encore longtemps, nous fera frissonner par sa majesté.

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Bass Culture : Quand le Reggae était Roi (Lloyd Bradley – Allia – 2005)

« La musique jamaïcain a enfin le livre qu’elle mérite » : ce sont les propres mots de Prince Buster à propos de l’imposant livre écrit par Lloyd Bradley (600 pages), qui, fait rare, est l’un des rares ouvrages complet et sérieux de langue anglaise sur le reagge à avoir été traduit en français.

Les trois principaux écueils que l’on peut reprocher aux livres traitant du reggae sont généralement les suivants : 1/ trop superficiel, car n’abordant pas la musique comme expression d’un courant social et politique, ce qui est notoirement le cas avec le reggae, 2/ trop didactique, ou à l’inverse trop descriptif, et, en tout état de cause, plus proche du beau livre d’art que du roman, 3/ trop attaché à un style, une époque ou un artiste et n’envisageant pas l’évolution musicale dans toute son amplitude.

Heureusement pour le lecteur, ces trois écueils sont ici évités. Lloyd Bradley est par ailleurs un excellent guide, puisque depuis son adolescence il fréquente les nombreux sound systems de la région de Londres, jusqu’à fonder lui-même son propre sound : le Dark Star System.

L’incroyable originalité de ce livre est d’associer une somme énorme de faits, d’anecdotes et de citations sous la forme romancée d’une odyssée socio-politique des principaux courants musicaux qui ont façonné l’histoire jamaïcaine du XXème siècle. Indispensable, voire essentiel, et je pèse lourdement mes mots.

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