African Pearls Vol. 2 : Guinée – Cultural Revolution (Discograph – 2006)

En inaugurant sa nouvelle collection dédiée aux perles de la musique africaine contemporaine, le label Syllart Productions, fondé en 1981 par Ibrahima Sylla, frappe fort. Le but est d’offrir à chaque disque un panorama sonore des artistes d’un pays, en recherchant parmi les archives les plus jalousement gardées des productions des années 60-70.

Avec un premier volume consacré à la rumba congolaise, la barre était placée haut : African Jazz, OK Jazz, Rock A Mambo, African Fiesta, Bantous de la Capitale, Festival Maquisard…Les plus grands noms se livraient dans des versions inédites.

Avec le second volume de la collection, consacrée à la révolution culturelle initiée sous le régime de Sekou Touré, on reste sans voix…Les pépites dénichées par Syllart sont absolument exceptionnelles. Elles permettent de découvrir la richesse de la production musicale guinéenne à une période où l’objectif affiché par le pouvoir politique, et relayé par les musiciens, était de moderniser les musiques populaires et de restaurer la dignité et la fierté nationale.

Le gouvernement du Parti Démocratique de Guinée s’appuya sur un réseau immense de musiciens et d’orchestres à travers l’ensemble du pays, quitte à monter de toutes pièces un certain nombre d’orchestres officiels avec les meilleurs éléments. Chaque préfecture ou région devait avoir son propre orchestre officiel, sur le modèle créé par l’Etat. Financés par le gouvernement ces orchestres étaient considérés comme des fonctionnaires au service de la politique culturelle de Sekou Touré.

Le volume 3 de la collection est dédié au Mali, avec un disque consacré au répertoire traditionnel de diverses régions du Mali, et l’autre aux orchestres modernes des années 1970. Le quatrième volume, à paraître prochainement, propose des trésors méconnus, puisées dans les archives de la musique sénégalaise des années 1960-75.

En attendant, voici une sélection de trois titres tirés du volume deux :

MOMO WANDEL SOUMAH – Tam Tam Sax : surnommé le « Sax Soleil » pour la virtuosité, la chaleur et la puissance de son jeu, Momo Wandel était accompagné d’un orchestre rompu à la fois aux rythmes traditionnels guinéens et aux influences jazz extérieures. Un bel exemple avec ce titre, Tam Tam Sax, qui combine des tambours débridés à un sax limite free jazz : du grand art.

SUPER BOIRO BAND – So i si sa : le groupe tire son nom du camp Boiro, où l’orchestre fut créé, un camp connu de triste réputation pour avoir été la caserne priso où sévirent les tortionnaires de la Garde Républicaine de Sekou Touré. Le Super Boiro Band est notamment connu pour avoir été le premier à introduire l’orgue dans la nouvelle musique guinéenne. Il l’utilise habilement sur ce titre furieusement funky.

BEMBEYA JAZZ NATIONAL – Petit Sekou : on ne présente plus le Bembeya Jazz National, premier orchestre local à être nationalisé, représentant à lui tout seul de la révolution culturelle guinéenne. Un titre rare ici, le dernier composé pour le label Syliphone, uniquement instrumental et empreint d’une nostalgie réelle, marquée par l’époque (1976) et le déclin du régime tout puissant de Sekou Touré

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