Romanian Jazz – Jazz From The Electrecord Archives 1966-1978 (Sonar Kollektiv – 2007)

Dans la série des weird grooves improbables venus de pays lointains, je vous présente cette semaine le jazz roumain! Je dois vous avouer avant toute chose une passion toute particulière pour ce pays, depuis que deux amis, Alexandre et Ilinca, me l’ont fait découvrir il y a quelques années de cela. Je ne leur serai jamais assez reconnaissant de m’avoir présenté toutes les richesses et la culture de leur magnifique pays.

Car au-delà de tous les clichés éculés sur ce pays à l’histoire contemporaine mouvementée, il faut bien reconnaître que la grande majorité d’entre nous ne connaît quasiment rien à la scène musicale roumaine. Moi le premier ! Raison de plus donc de faire quelques recherches…

Je connaissais déjà un peu la scène jazz polonaise pour avoir fait une chronique sur ce blog il y a quelques mois, et j’ai eu l’occasion d’écouter plusieurs compilations de jazz-funk des ex pays de l’Est (notamment l’excellente Between or Beyond The Iron Curtain), et je dois avouer que je m’attendais à retrouver en Roumanie ce cocktail de base rythmique relativement classique et quelques notes d’appropriation culturelle locale qui viennent épicer l’ensemble.

Eh bien, j’ai carrément été bluffé. Car ce disque démontre une chose : que la capacité créatrice des jazzmen roumains des années 60 et 70 est quasiment illimitée. Si tous les titres ne se valent pas et si certains d’entre eux restent très calqués sur leurs modèles US, deux morceaux ont particulièrement retenus mon attention :

  • AURA URZICEANU – Nu-mi cere sa Cint : quelle voix et quel arrangement ! On dirait une voix yéyé mixée avec un orchestre samba, le tout produit en Roumanie ! Une vraie pépite groovy…
[audio:z – aura urziceanu – nu-mi cere sa cint.mp3]
  • ORCHESTRA UNIVERSITATII DE JAZZ DIN ILLINOIS – Latino (Edit) : alors là, la claque…Ca part comme un morceau free jazz avec un sax venu du fond des âges, et ensuite arrive une contrebasse et des percussions latines, puis une montée tout en puissance avec des cordes et c’est reparti pour des rythmes latins. Tout bonnement incroyable. A découvrir d’urgence !
[audio:z – orchestra universitatii de jazz din illinois – latino.mp3]

Galt MacDermot – Up From Basement (Kilmarnock – 2003)

Imaginez un pianiste né au Canada, compositeur de comédies musicales dont la célébrissime Hair, qui a fait des études de musique en Afrique du Sud, puis a fait de la musique africaine sa spécialité, et a réalisé parmi les bandes sons de films de blaxploitation les plus samplées par les artistes hip hop : voici un résumé (très) synthétique de la vie de Galt MacDermot.

Quel parcours, et quel héritage musical ! Des milliers d’heures d’enregistrement dans des styles aussi variés que le jazz, le funk, la soul, etc…qui ont durablement marqué l’histoire de la musique populaire contemporaine, à tel point que le rappeur Oh No a sorti en 2006 un disque entièrement basé sur des samples de Galt MacDermot : Exodus Into Unheard Rythms.

De ces milliers d’heures d’enregistrements, Mac Dermot a conservé quelques pépites : chutes de studio, versions alternatives, singles jamais sortis etc…Ces trésors sont sortis en 2003 sur son label Kilmarnock sous le titre Up From The Basement.

Voici quatre titres hallucinants de créativité et de modernité tirés de cet album :


12 Inch Session #9 – Militant Style

Salut à tous ! Chongastyle est de retour après quelques semaines off pour vous livrer une nouvelle édition des 12 inch sessions. Au menu cette fois-ci : du roots militant et combatif, avec trois versions extended de choix.

Vous pouvez télécharger la session en cliquant ICI.

  • SUGAR MINOTT – Rome (Black Roots – 1979) [00:00 > 06:23] : cette version 12 inch apparaît en face B d’un disque du label Black Roots, sorti en 1979. En face A, un titre de Devon Russell : Let Sleeping Dogs Lie. A noter que le titre de Minott a atteint la première place du chart UK des singles en novembre 1979.
  • SKULL & SOULSVILLE ALL STARS – Bondage Chains [06:23 > 11:49]: une vraie rareté, très peu d’info sur cette version 12 inch du Black Slavery Days des Skulls, sortie en 1976 sur un obscur label dénommé Hot Stuff (sic) et encore moins sur la composition des Soulsville All Stars, responsable d’une version dub fantomatique. L’original est tiré du magnifique album Black Slavery Days sorti en 1975 sur le label Clappers.
  • NATHAN SKIERS – Dem A Fight [11:49 > 17:46] : version 12 inch d’un titre extrait de l’unique album éponyme de Nathan Skyers, sorti en 1983 sur le label Mandingo. La version dub présente un jeu intéressant sur les percussions.

Rare Funk Vol. 11 – Creole Funk (Cobalt Records – 2000)

Découverte du moment, la série des 13 compilations « Rare Funk » du label Cobalt Records est une vraie mine, même pour les pros du crate diggin’ et les collectionneurs de rare grooves.

Sortis entre 1993 et 2000, ces compilations couvrent tout le spectre du funk, débordant bien souvent sur des genres connexes, comme le reggae, la soul ou même le disco…Non, ne fuyez pas tout de suite ! Cette série a une véritable aura pour les passionnés car elle révèle des reprises rares, souvent inédites en compilations, de titres phares de la période bénie du funk, les 70’s.

Un disque a attiré tout de suite mon attention : le volume 11 dédiée intitulé « Creole Funk ». La couverture a déjà une sacrée tronche : ça donne envie de s’engager dans la guérilla urbaine…On y trouve un peu de tout : des morceaux funk classiques de bonne facture (Jon Lucien, Boris Gardiner), mais surtout des reprises originales.

Deux titres sont assez exceptionnels dans le genre :

[audio:z – in crowd – mango walk.mp3]

  • RAY MUNNINGS – Funky Nassau : là aussi, une cover du célèbre single de The Beginning of The End, mais à la sauce disco cette fois-ci. Ca peut faire peur sur le papier, mais le résultat est vraiment réussi. Pour les fans, n’hésitez pas à consulter le précédent message que j’avais consacré à une reprise plus récente du titre.

[audio:z – ray munnings – funky nassau.mp3]

Rock Steady Cool (Pama Records – 1968)

Si je devais résumer le rock steady en quelques mots, l’un des premiers noms qui me viendrait à l’esprit c’est Pama. Ce label anglais a littéralement inondé le marché local de productions rock steady entre 1967 et 1970 avec des artistes aussi prestigieux que Slim Smith, Derrick Morgan, Laurel Aitken, The Upsetters, et…The Mohawks ! Oui, vous avez bien lu : l’illustre album The Champ a été produit par le label Pama !

Mais la réputation de Pama tient beaucoup à ses compilations, dont beaucoup sont devenues cultes avec le temps : je pense notamment à Birth Control, qui, comme son nom l’indique posait la question de la contrôle des naissances avec un ton et un style un peu olé olé et ironique comme seul les Jamaïcains savent le faire (Ram You Hard, Bend Wood Dick, The Pill…). Je pense également à Boss Reggae où apparaît l’exceptionnel Poor Me Israelites de Winston Jarrett.

Rock Steady Cool est une compilation rock steady sortie en 1968, en pleine période de mutation musicale : le ska était dépassé et le reggae n’était pas encore apparu.

Comme toutes les périodes de changement, c’est le moment idéal pour découvrir de vraies perles et vous savez tous ma passion pour les raretés rock steady. En voici trois tirées de cette compilation méconnue :

  • RUDIES – Train To Vietnam : une étonnante reprise du Train To Skaville de The Ethiopians à la sauce Vietcong. Il n’y avait pas que les Américains qui manifestaient contre la guerre…

[audio:z – rudies- train to vietnam.mp3]

  • ALTON ELLIS – La La Means I Love You : on ne présente plus Alton Ellis, lover invétéré et chanteur d’une très grande classe. Il nous le prouve une nouvelle fois avec cette reprise originale du La La La Means I Love You des Delfonics.

[audio:z – alton ellis – la la means i love you.mp3]

  • FITZ & THE COOZERS – Cover Me : le must du must ! Un groupe inconnu (celui qui connait Fitz & The Coozers est un menteur ou un collectionneur fou furieux !), un titre love ambigu (Couvre moi ? Fais moi une reprise ?), et un son, un son, mes amis…

[audio:z – fitz and the coozers – cover me.mp3]