P.P. Arnold – The First Cut (Sanctuary – 1998)

Vous avez tous vu (et entendu) la dernière campagne de pub de H&M…Si, si, soyez honnêtes, vous l’avez vu ! Si ça n’est pas le cas, la voici !

Le titre phare de cette nouvelle campagne de pub, Something Beautiful Happened est interprété par une chanteuse soul méconnue : Pat (P. P.) Arnold.

Elle commença à chanter à l’âge de quatre ans, dans une famille de chanteurs de gospel. Jusque là, rien d’extraordinaire. Ce qui l’est plus, c’est d’intégrer les choeurs des Ikettes, le groupe de Ike & Tina Turner. Elle fit avec eux une tournée mémorable dans les années 60, rencontrant à cette occasion les Rolling Stones.

Mike Jagger l’a repère et lui propose de rester à Londres pour enregistrer et produire son premier album solo en 1967 : The First Lady Of Immediate. Cet album de soul puissante inclut le hit écrit par Cat Stevens : The First Cut Is The Deepest. 

Le succès est au rendez-vous en Europe, mais pas aux Etats-Unis. Après une longue parenthèse de silence, elle revient à la musique dans les années 80 pour enregistrer un titre avec Boy George pour le film Electric Dreams en 1984.

P.P. ARNOLD – Something Beautiful Happened

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P.P. ARNOLD – Eleanor Rigby

[audio:z – PP Arnold – Eleanor Rigby.mp3]

Jamaica Funk – Original Jamaican Funk and Soul 45’s (Soul Jazz Records – 2007)

J’avais laissé le label Soul Jazz Records un peu de côté, après leur première série démentielle sur les trésors du mythique Studio One. Ils avaient décliné avec beaucoup de réussite la palette de genres produits par Coxsone : dub, roots, ska, etc…

Mais les dernières sorties du label m’avaient laissé plus perplexes : sentiment confus que le filon commençait à se tarir et que malgré tout on continuait à creuser…Bref la qualité et l’homogénéité de la série déclinait sérieusement.

C’est donc avec surprise que je découvris cette pochette très home made, très do it yourself, avec une photo très pattes d’éph’ où l’on se rend rapidement compte que le jeune homme a intérêt à posséder la voiture s’il veut emballer…Et en y regardant de plus près, je m’aperçus qu’il s’agissait d’une production Soul Jazz. Et là : la claque…

De vraies raretés, des titres qui tuent et surtout une homogénéité de ton assez inattendue. Je me retrouvais quelques années en arrière, à découvrir les premières compilations du label, avec la truffe humide du collectionneur qui découvre les joyaux cachés d’un trésor oublié.

Pas vraiment d’artistes totalement nouveaux, puisque l’on retrouve des valeurs sûres du groove jamaïcain : The Chosen Few, The Heptones, The Now Generation, Winston Wright & The Upsetters, etc… Mais plutôt des versions rares, des titres inédits ou en décalage, bref de véritables découvertes, comme ce très jazzy Silent Force de Cedric Im Brooks ou cette version tropicale du Papa Was A Rolling Stone par Sidney, George & Jacky.

Autres grands moments : des titres qui claquent comme une caisse claire, avec un rythme qui déroule comme une voiture de course. Je pense au Rhodesia de The Rebels, qui transforme le calme riddim du Drum Song de Jackie Mittoo en ovni psychédélique porté par un beat de batterie incroyablement puissant. Je pense aussi à ce Jam #1 de Winston Wright & The Upsetters où un clavier déglingué convoque en duel une basse épaisse et ouatée.

A découvrir d’urgence.

THE REBELS – Rhodesia

[audio:z – The Rebels – Rhodesia.mp3]

WINSTON WRIGHT & THE UPSETTERS – Jam #1

[audio:z – Winston Wright And The Upsetters – Jam 1.mp3]

THE CHOSEN FEW – I Love The Way You Love

[audio:z – The Chosen few – I Love The Way You Love.mp3]

Doris – Did You Give The World Some Love Today (Sweden – 1970)

Si Petula Clark était née en Suède, elle se serait sûrement appelée Doris Svensson et aurait réalisé ce magnifique album, mélange atmosphérique de jazz, de rock, de groove et de folk nordique.

Durant les années 60, Doris Svensson est choriste pour un certain nombre de groupes rock suédois : The Strangers, The Weeds, The Plums…En 1969, elle décide de se lancer dans une carrière solo en poursuivant dans un premier temps une voie pop classique.

Mais progressivement elle s’intéresse au jazz et en 1970 elle fait équipe avec le producteur de télévision et pianiste de jazz Berndt Egerbladh pour enregistrer l’album qui l’inscrira dans l’histoire musicale suédoise et la wishlist des collectionneurs de rare grooves : Did You Give The World Some Love Today.

L’énergie des arrangements, variant breakbeats et guitares fuzzy et titres plus folk, associé à une voix tantôt péchue, tantôt touchante font de ce disque un ovni hautement recommandable.

A noter que cet album contient un titre que vous connaissez forcément : You Never Come Closer. Son beat et sa ligne de basse ont ainsi été samplé de nombreuses fois, notamment par les rappeurs de Stone Throw Records, Quasimoto et Madvillain.

DORIS – You Never Come Closer

[audio:z – Doris – You Never Come Closer.mp3]

QUASIMOTO – Closer (feat. Madvillain)

[audio:z – Quasimoto – Closer.mp3]

DORIS – Beatmaker : petit bijou de groove avec cuivres et orgues funky.

[audio:z – Doris – Beatmaker.mp3]

DORIS – Whispering Pine : une reprise de Richard Manuel, folk song incroyablement belle par sa simplicité, son piano discret et son violoncelle à pleurer de bonheur. On dirait du Nancy Sinatra à la glorieuse époque de sa collaboration avec Lee Hazlewood.

[audio:z – Doris – Whispering Pine.mp3]

Ali Boomaye !

Suite à mon précédent message sur l’album hommage à Mohammed Ali sorti en 2003, voici quelques documents que j’ai trouvés depuis et qui illustrent la carrière variée et bien remplie de cette icône populaire :

  • Un concept album sorti en 1976 pour faire la promotion d’une bonne hygiène bucco-dentaire (!) : Ali & His Gang vs. Tooth Decay. Musicalement, c’est à ranger dans le bac « j’avais deux euros sur moi, je savais pas quoi en faire, et puis la couverture est vraiment trop kitsch, il me le faut ce disque ». Sinon, il y a quand même un titre qui sort du lot : Ali’s Historical Theme Song.
[audio:z – Ali Historical Theme Song.mp3]
  • Une vidéo de Cassius Clay & Sam Cook chantant leur propre titre « The Gangs All Here » à la BBC en 1964 :

  •  Un épisode d’un dessin animé de la NBC daté de 1977  intitulé « I’m The Greatest ! » : cette série, dont le titre démontre que son objectif n’était pas d’apprendre aux enfant à cultiver la modestie, mettait en scène Ali dans des situations plus héroïques les unes que les autres (combat avec un alligator, voyage interstellaire, etc…) avec la petite morale de fin qui va bien pour dire aux enfants : si jamais vous croisez un alligator, ne faites surtout pas comme moi…Le style est très proche de Scooby Doo et au-delà de l’aspect un peu désuet, cela se laisse regarder avec l’émotion des grands enfants

Rupie Edwards All Stars – Dub Basket (Cactus – 1975)

Rupie Edwards n’est pas une des figures les plus connues du reggae. Pourtant, comme les plus grands, il commença sa carrière artistique par un poste stratégique : celui de producteur.  Il fut encadré par deux ingénieurs du son parmi les plus talentueux : Syd Bucknor et Linford Anderson, qui enregistra la quasi totalité des titres de Byron Lee & The Dragonaires au Dynamic Studio et l’énorme « Israelites » pour Leslie Kong.

Rapidement, Rupie comprend que pour se démarquer il doit trouver un son qui lui soit propre. Pour y arriver, il convoque en 1968 la fine fleur des musiciens de sessions pour former ce qui deviendra les Rupie Edwards All Stars. Admirez plutôt la composition :

Gadstone Anderson (piano), la quasi doublure de Jackie Mittoo, apparaît également sur le « Return Of Django » de Lee Perry

Winston Wright (orgue hammond), qui s’est fait connaitre sur le « Liquidator » de Harry J.

Hugh Malcolm (batterie), qui se distingue de l’autre batteur célèbre Carlton Barrett, par un style plus rock et incisif, moins jazzy.

Clifton Jackson (basse)

Ranfold Williams (guitare lead)

Bongo Herman (percussion), le rasta aux bongos qui a été vu récemment dans les prestations live de Capleton.

Karl « Cannonball » Bryan  et Tommy McCook (saxo), deux légendes.

Vin Gordon (trombone) une autre légende qui a parcouru la période ska et a prolongé sa carrière jusqu’au early reaggae.

Mais au-delà de la qualité de ces musiciens, c’est le talent de producteur de Rupie qui s’exprime sur ce disque. Et si vous ajoutez à tout cela le mix du génial King Tubby, ça donne ça : 

RUPIE EDWARDS ALL STARS – Tempo Dub

[audio:z – Rupie Edwards – Tempo Dub.mp3]

RUPIE EDWARDS ALL STARS – The Dub Of Fire

[audio:z – Rupie Edwards – The Dub of Fire.mp3]